L'investiture officielle du président de la Tunisie, à l'enceinte du conseil du peuple, a constitué un dénouement salutaire d'une résurrection laborieuse, baptisée, depuis la chute du régime de Zine El Abidine Benali, «La Révolution du Jasmin». Cette messe à laquelle avait aussi pris part le perchoir bicaméral de l'hémicycle marocain, fut, de bout en bout, intensément poignante, de par la solennité du discours présidentiel et les propos forts qu'il a renfermés. Le ton rigoureux et déterminant, le nouveau chef d'Etat tunisien débitait une intention des plus prometteuses, devant une assistance attentive et acquise au sacerdoce. Tout en vouant la «révolution culturelle» du peuple qui s'est soldée par son élection légitime, il défilait un par un, une multitude de concepts clés de son mot constitutif. On retiendra, de prime abord, l'intransigeance inflexible aux lois constitutionnelles dont l'application ne serait ni discriminatoire ni complaisante.Par la suite, il mettra du jus dans son speech, tout en se focalisant sur un champ notionnel qui semble lui tenir à cœur, notamment la liberté, le loyalisme, la dignité, la confiance…Encore auréolé de son succès écrasant, il ne manquait pas de rende hommage à la société tunisienne de ce triomphe populaire qu'il qualifiait de «sans précédent». D'autre part, il appelle à la conjugaison des efforts des constituantes de la nation afin de résorber les retards, par l'octroi d'un jour de salaire durant cinq ans. Ce sacrifice national est de nature à faire restituer les traditions solidaires et ancrer les principes d'aplomb, longtemps mis à rude épreuve. Dans le même ordre d'idées, il se déclare être sur le front de s'attaquer ardemment au terrorisme, à la rente, à la dépravation, à l‘impunité…Tout en mesurant l'acuité et l'énormité de ces tâches, il convia toutes les composantes du peuple tunisien à en faire leur cheval de bataille. Par ailleurs, il n'hésita pas non plus de mettre le cap sur le grand Maghreb qu'il invitait à se mobiliser, ainsi que le front africain qu'il appelait à se renforcer. Voilà donc un nouveau président, tout feu, toute flamme, qui annonce la couleur et promet monts et merveilles à un pays, ayant crânement combattu pour la prospérité, la dignité et la justice. Un modèle qui émerge d'un bel examen démocratique, mené non sans peine, mais se fructifie, pas à pas, dans une nation déchiquetée par les affronts politiciens et les rixes tribales. On espère que la révolution du jasmin qui accouche aujourd'hui, certes par césarienne, d'une nouvelle Tunisie issue du peuple, saura faire perpétuer cette éclosion pacifique. Pourvu que les forces obscurantistes et réactionnaires ne reviennent pas à la charge et n'avortent ce fol entrain démocratique qui, sans doute, contaminera tout son entourage tant maghrébin qu'africain!