La dernière réunion du Comité de coordination et de surveillance des Risques Systémiques tenue le 2 juillet à Rabat annonce que l'analyse de la situation du système financier marocain révèle un risque macroéconomique qui se situe à un niveau globalement modéré, mais qui appelle à plus de vigilance. La conjoncture nationale et internationale reste ainsi peu favorable avec un déficit du compte courant qui se creuse à l'échelle nationale et des tensions commerciales et géopolitiques qui intensifient les incertitudes au niveau mondial. Le comité de coordination et de surveillance des Risques Systémiques constate que le déficit du compte courant s'est aggravé en 2018 avec des prévisions d'améliorations en 2019 et 2020. On rappelle en effet que le taux de croissance a reculé de 3% à cause d'une baisse 2,6% des activités non agricoles et une hausse de la valeur ajoutée agricole de 4% en chute importante par rapport à 2017 qui a connut une hausse de la VA agricole de 15,2% . Les pronostics tablent sur un ralentissement de la croissance en 2019 soit 2,8% suivi d'un rebond une année plus tard soit 4% attribué en grande partie à la reprise des activités non agricoles. Quant aux réserves internationales elles se sont établies à 230,7 milliards de dirhams assurant la couverture de plus de 5 mois d'importation des biens et des services. L'analyse de la situation des finances publiques fait état d'un creusement du déficit budgétaire à 3,7% du PIB en 2018. Un déficit qui augmentera davantage en 2019 à 4,1% pour s'alléger en 2020. Aussi, le taux d'endettement du Trésor, qui a marqué une hausse, devrait baisser à compter de 2020. Ainsi, la faible dynamique économique s'est traduite par une baisse des financements bancaires notamment pour les sociétés du secteur privé. On relève également, que le taux de défaut de ces entreprises reste encore à un niveau élevé. Du côté des délais de paiement, l'analyse du comité de coordination des risques systémiques indique que les délais de paiement des créances interentreprises continuent d'afficher des niveaux inquiétants, notamment pour la TPE et certains secteurs d'activité. D'où la nécessité de la poursuite des efforts engagés par les autorités publiques et privées. Concernant, le secteur bancaire, on annonce sa consolidation et sa solidité financière grâce à la diversification de ses activités sur les plans sectoriel et géographique. Les ratios de solvabilité restent supérieurs aux minimas réglementaires et restent résilientes aux stress-tests simulant une détérioration sévère des conditions macroéconomiques. Les risques de concentration sur les gros débiteurs et de taux d'intérêt est par ailleurs très suivi et une attention particulière est ainsi donnée aux risques émergents et les cyber-risques. S'agissant du secteur des assurances les signes de solidité se confirment malgré le taux élevé de sinistralité et la baisse des résultats techniques. Quant aux régimes de retraite, la sous-tarification des droits acquis dans le cadre de la branche long-terme de la CNSS et du régime général du RCAR provoque à une forte accumulation des dettes implicites (engagements non couverts) des deux régimes. La réforme paramétrique en 2016 du régime des pensions civiles géré par la CMR, a permis d'équilibrer sa tarification au titre des droits acquis après 2017. Néanmoins, la pérennité du système reste menacer à court terme avec un épuisement des réserves projeté pour 2027/2028. Le développement du marché des capitaux continue et se stabilise en 2019. Le niveau de valorisation global du marché boursier reste élevé avec un PER de 19,7x. Le marché de la dette privée s'est caractérisé par une hausse de 7,6% des émissions en glissement annuel à fin mai 2019. Les émetteurs non financiers ont réalisé des émissions de l'ordre de 19,6%. Il est nécessaire de mettre en place cadre de régulation adéquat et sécurisé relatif au marché de la dette privée (émetteurs non-financiers). Enfin, le comité a analysé aussi l'état de mise en œuvre par le secteur financier des recommandations du GAFIMOAN en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.