De quelle levure sera monté le proche avenir de l'industrie du tourisme dans la première station du royaume? Il n'est pas nécessaire d'être devin pour prédire un dessein dont les conditions ne sont pas encore réunies. A commencer, bien entendu, par l'implication efficiente de l'Etat qui, à l'image de son binôme en charge du secteur, mièvre et fade, ne parvient pas à insuffler suffisamment les turbos adaptés pour une telle ébauche! Hormis quelques piètres sursauts, la vision 2020, fruit d'une réelle dynamique de l'ensemble des acteurs du domaine, est sérieusement affecter par les couacs pour la mise en œuvre d'une stratégie globale, équitable et cohérente à l'adresse de l'ensemble des destinations porteuses du pays. Depuis déjà des années, on ne fait que tâtonner et pondre des visions qui visent à côté de la cible escomptée, à l'instar de Maroc Azur dont le bilan est on ne peut plus calamiteux, en fin de compte. La politique publique, à ce titre, déficiente et velléitaire, a engrangé des fonds fous et des temps perdus pour aboutir à des modicités délirantes. Il est bien évident qu'on ne peut, exclusivement jeter le pavé dans la mare de l'Etat dont la quasi majorité des ministres était globalement à côté de la plaque du département des voyages. Il n'en demeure pas moins vrai que la gestion locale laissait à désirer, pour des calculs de prestige et des aléas d'inaptitude. Cependant, on ne saurait amputer la débâcle du tourisme nationale, dans sa globalité, aux institutions et structures régionales, tant que l'Etat en assume la part du lion des choix adoptés en matière d'orientation et de planification à court et long terme. En parallèle, comme le malheur ne vient pas seul, on s'est obstiné, non sans marasme avéré, à laisser prospérer démesurément la maudite formule connue sous le nom du «All Inclusive», dans la plupart des structures hôtelières commercialisées. Dès lors, considérant l'espace touristique national comme des «ghettos» pour des touristes, en quête de découverte et d'exotisme, ces promoteurs des voyages intensifient leur emprise sur le produit local, limité aux plaisirs des bains de soleil, vendus aux clients bien à l'avance, dans les pays de provenance, comme si Agadir était en plein site des Caraïbes. En outre, si l'hôtellerie en pâtit cruellement, il y a lieu d'en dire autant au niveau de la restauration raffinée, de l'excursionnisme intérieur, de l'artisanat typique….Or, face à une dérive qui ronge l'un des piliers fondateurs de l'économie nationale, l'Etat a bel et bien le droit de regard sur les intérêts suprêmes de la nation afin d'intervenir et rectifier les tirs. En effet, dans le cas d'espèce, il est mondialement connu que cette formule exclusiviste n'est valable que dans des régions isolées de la planète. Le Maroc n'en est pas une. Bien au contraire, notre pays, de par son élan développemental, son tempérament sociétal agissant et son registre de havre de tolérance, est un berceau de choix à s'ouvrir constamment sur l'autre.