L'institution militaire algérienne est le véritable maitre absolu qui détient le pouvoir en Algérie. Son porte-parole, le chef d'état-major de l'armée nationale populaire, le général Ahmed Gaïd Saleh, le plus haut gradé du pays, vient de le faire savoir, sans ambages, en poursuivant la manœuvre des mises en scènes orchestrées depuis le début des contestations pour gagner du temps, essouffler le mouvement des protestations qui prennent de plus en plus de l'ampleur, et tirer les ficelles du jeu politique dans le pays, en consolidant le même régime, tout en faisant croire au peuple que des changements seraient en vue. Au début, le représentant du véritable pouvoir a exhibé l'arme de l'oppression et de la répression pour mater les Algériens qui contestaient un cinquième mandat du président momie, Bouteflika. La deuxième manœuvre a consisté en une manipulation du langage, en changeant le terme du cinquième mandat pour le remplacer par un prolongement du quatrième, tout en reconfigurant le gouvernement de façade par la nomination dans la foulée d'un nouveau premier ministre. Ce qui a provoqué des débats, sans pour autant calmer la colère de la rue. Et face à l'ampleur des contestations qui se poursuivaient, le général Ahmed Gaïd Saleh a miroité au peuple que l'armée serait de son côté pour asseoir la démocratie et le changement. Une autre manœuvre qui a laissé entendre que l'armée supervise le processus démocratique dans le pays. Après ce virage dans la vie politique du pays, le général Saleh est revenu à la charge pour demander l'application de l'article 102 de la constitution. C'est dire déclarer l'inaptitude du président malade et enclencher un processus de remplacement. Par cette manœuvre, l'institution militaire a enterré les élections présidentielles, alimentant le suspense dans le but de gagner encore du temps, en misant sur l'essoufflement des manifestants.