De nos jours, le numérique a le vent en poupe. L'ère du streaming a atteint son summum en bouleversant radicalement l'industrie culturelle et artistique mondiale. Beaucoup de gens préfèrent aujourd'hui consommer des produits cinématographiques et artistiques sur les différentes plateformes digitales, entre autres Youtube où encore la fameuse plateforme de films et séries en ligne Netflix dont les abonnés se comptent par milliers un peu partout dans le monde. Pour le réalisateur Michel Ocelot, Netflix n'est pas quelque chose de nouveau. Mais ce qui inquiète le réalisateur, « c'est interdiction parce qu'on produit des œuvres, et si vous ne vous inscrivez pas dans la plateforme vous n'aurez pas, non plus, le droit de les voir… et ça ne sortira pas au cinéma», a confié le réalisateur du film «Dilili à Paris» qui a décroché le prix César 2019. «Ça me gêne parce que j'aime le cinéma c'est-à-dire une cérémonie où on se réunit, on éteint la lumière et on vit ensemble une œuvre. Il y a la cérémonie du cinéma parce qu'on vit tous ensemble la même chose», a-t-il ajouté. Or, ces nouvelles plateformes ont donné naissance à plusieurs produits, ainsi qu'à d'autres artistes parfois méconnus par le grand public pour donner plus de visibilité à leurs productions. C'est désormais un « marché » alternatif et concurrentiel. Mohamed Beyoud, directeur artistique du FICAM, voit les choses avec un autre œil. Pour lui, aujourd'hui, il y a de plus en plus de jeunes Marocains qui innovent dans le film d'animation et qui ont utilisé les plateformes numériques et les réseaux sociaux pour produire leur travail. Je donne l'exemple, dit-il, d'une série «Bouzbal» qui a eu, selon lui, un grand succès sur Youtube en l'absence de chaines qui peuvent les diffuser, ajoute-t-il. «Ces plateformes sont un moyen de distribuer et de montrer son travail, mais aussi un moyen alternatif à la télévision parce qu'on peut tout dire sur internet et surtout aborder plusieurs sujets, notamment ceux qui touchent la société. Je trouve que c'est une très bonne chose notamment ces séries qui parlent à la jeunesse marocaine et ses problématiques. En outre, je rêve qu'on ait un jour un vrai contenu marocain qui parler à la jeunesse marocaine avec une ouverture sur l'universel », a-t-il ajouté. Si Netflix envahit le Maroc, aura-t-il des retombées bénéfiques pour le public et la production artistique et cinématographique marocaine? Pour Beyoud, ce sera une très bonne piste surtout en l'absence de salles de cinéma au Maroc, affirme-t-il. «Au début, j'étais très réticent comme beaucoup de gens qui aiment aller au cinéma, mais on regarde de très bonnes choses sur Netflix. Alors pourquoi pas?», conclut-il. Dans le même ordre d'idées, la scénariste marocaine, Bouchra Malek, encense la plateforme Netflix. «Netflix est une plateforme d'une grande diversité. Cette plateforme s'est penchée sur le contenu arabe. Au Maroc, ils sont en train de chasser des têtes et de chercher du contenu marocain. C'est un virus, certes, mais qui est bénin», a-t-elle déclaré à Al Bayane. «J'ai été contactée par un réalisateur pour un travail pour Netflix. C'est une série en fait qui raconte la biographie d'un grand artiste maghrébin. Je sais qu'ils veulent produire au Maroc surtout un contenu marocain avec des ressources humaines marocaines. Ce projet va donner de la chance à beaucoup de monde pour travailler», confie-t-elle. La question du contenu et de la concurrence se poseront certainement avec beaucoup d'intérêt avec l'avènement des nouvelles plateformes. «Travailler avec Netflix permettra de jeter derrière nous toutes les lignes rouges qu'on trouve à la télé et le cahier des charges. Ces derniers temps, non n'arrive pas à écrire grand-chose. Ce projet sera prometteur et créera un marché concurrent », affirme-t-elle.