Les résultats de la réforme du régime de change s'avèrent conformes aux prévisions et aux assurances du gouvernement. La première phase de la réforme présente un bilan positif, d'après le wali de Bank Al Maghrib. Abdellatif Jouahri, qui s'exprimait à l'issue du dernier conseil de BAM, évoque un bilan positif comme en témoignent les chiffres et le fonctionnement du marché interbancaire des devises qui prend de jour en jour en maturité. Contrairement aux craintes des opérateurs, le dirham ne s'est pas déprécié durant cette première phase d'élargissement de la bande de fluctuation. Le marché interbancaire des devises s'auto-suffit, assure Jouahri. En effet, la dernière opération d'approvisionnement en devises auprès de la banque centrale remonte à mars 2018. Le wali de BAM dit attendre l'appréciation du patronat et des banques qu'il rencontrera le 18 avril prochain. La rencontre avec le patron de la CGEM et des responsables de banques est cruciale avant de décider du passage à la 2ème phase de la réforme. Pour Jaouhri, il est nécessaire de s'assurer que les petites entreprises en relation avec les marchés extérieurs ont véritablement assimilé la réforme et pris les dispositions pour utiliser tous les outils mis à leur disposition dans le cadre du régime de change flexible. Sauf que le patron de la banque centrale reste ambigu sur le lancement de la 2e étape de la réforme. Selon lui, l'élargissement de la bande de fluctuation n'est pas pour demain même si tous les prérequis pour passer à l'étape suivante sont réunis, à savoir l'adéquation du niveau des réserves de changes, la résilience du système bancaire, la soutenabilité budgétaire et la maitrise de l'inflation. Pour Jouahri, l'urgence d'introduire de nouveaux ajustements ne se pose pas dans la mesure où l'économie ne fait pas face à des chocs exogènes qui justifient le passage à la 2ème phase de la réforme. « La réforme du régime de changes vise à absorber les chocs extérieurs et à soutenir la politique de compétitivité du gouvernement et des opérateurs. Sommes nous dans l'un de ces de figure pour passer à la 2e étape», a-t-il lancé. Quand la décision sera prise pour élargir la bande, cela se fera dans la transparence et dans le cadre d'une démarche participative à travers l'information et la sensibilisation de tous les acteurs, tient à rassurer le wali de BAM. Concernant les crédits, les créances en souffrance se stabilisent. La politique non conventionnelle de BAM a permis de mieux maitriser le risque de sinistralité. Jaouhri rappelle que la banque centrale a pris dans son portefeuille les effets des PME. Il affirme avoir alloué les liquidités nécessaires, tout en favorisant les banques dynamiques dans l'octroi du crédit. BAM a également décidé de rémunérer la réserve monétaire des banques qui octroient du crédit. Pourquoi ne pas avoir décidé de baisser le taux directeur ? La réponse à cette question est on ne peut plus clair. «Une baisse du taux directeur impacte le taux du crédit aux clients, mais aussi le taux de rémunération de l'épargne», a-t-il dit. Jouahri évite donc de baisser le taux directeur pour ne pas pousser les banques à revoir à la baisse la rémunération de l'épargne. Ce qu'il faut maintenant, c'est une vision économique claire, comme le laisse entendre Jaouhri. Le patron de BAM ne fait pas dans la dentelle : «Les politiques commandent tout. Les opérateurs ont besoin de visibilité et de confiance. Quand ils voient les politiques se crêper les chignons, comment voulez-vous qu'ils prennent des risques».