Maghreb Steel continue son chemin de croix. Sa situation financière s'est certes améliorée, avec de bons résultats réalisés durant ces trois dernières années, mais l'entreprise reste fragile face à des facteurs structurels. Malgré Les prouesses du plan de restructuration, celui-ci ne suffit toujours pas à extirper l'entreprise de son abysse. Pour l'y aider, de nombreuses suggestions ont été faites par des spécialistes du secteur dont le maintien des efforts des partenaires financiers, ou encore la recherche d'un repreneur de classe mondiale. De toutes les suggestions, il y en a une qui prône une rupture radicale. Selon certains, Maghreb Steel devrait revoir sa stratégie « produit » en s'orientant vers des produits à haute valeur ajoutée dans le laminage à froid et abandonner le laminage à chaud. Selon un spécialiste, «cela permettra à l'entreprise de générer d'une part, beaucoup de cash pour payer sa dette, en important de l'acier à bas prix et en le transformant, et, d'autre part, à toutes les filières situées en aval d'avoir accès à une matière première compétitive». Cependant, il faut admettre que la nouvelle direction a réussi, durant cette période, à réduire son résultat net négatif de 745 millions à 132 millions en 2017. Les ventes, quant à elles, ont atteint 516 000 tonnes en 2017 contre 319 000 tonnes en 2014. Ces performances sont dues, selon le management, «à l'amélioration de la performance industrielle à travers la réduction du chômage technique et des taux de chutes, à la révolution en matière de sécurité avec une réduction drastique des incidents et des accidents, à la refonte de la politique RH et de la gouvernance et à l'activation des mesures de défense». La stratégie de sortie de crise a fait ses preuves d'autant plus que Maghreb Steel a bénéficié d'un autre coup de pouce grâce au déblocage en cours d'un crédit de trésorerie de 225 millions de dirhams, par la Caisse Centrale de Garantie. En attendant de voir la prochaine étape de cette saga de l'entreprise des Sekkat, il faut rappeler que la perte de Maghreb Steel a été causée«essentiellement par l'étroitesse du marché local et l'inadaptation du "Steckelmill", l'outil industriel de l'activité laminage à chaud doté d'une grosse capacité d'un million de tonnes; l'activité qui a été à l'origine de la crise que vit toujours l'entreprise », explique un spécialiste du secteur contacté par La Vie Eco. L'investissement colossal consenti dans l'acquisition et l'opérationnalisation de cet outil a fini par étouffer l'entreprise, notamment avec la survenance de la crise de 2008. En 2015, des mesures de défense commerciale avaient été activées par le gouvernement : sauvegarde contre les importations européennes et turques de tôles laminées à chaud (2015) et anti-dumping contre les importations de tôles laminées à froid (2014).