C'est une première depuis qu'a éclaté, en Mars 2015, la guerre entre l'Arabie Saoudite et le Yémen. Les Etats-Unis n'offrent plus au Prince héritier Mohammed Ben Salmane, le soutien sans équivoque qu'ils lui avaient accordé depuis le début du conflit puisqu'ils réclament, désormais, l'ouverture de négociations de paix et la fin des frappes aériennes de la coalition menée par Riyad. «L'heure est maintenant à la fin des hostilités, ce qui inclut les tirs de missiles et de drones venant de zones contrôlées par les Houtis vers le royaume d'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis» a déclaré, ce mardi, dans un communiqué Jamis Mattis, le secrétaire d'Etat américain à la défense. Lui emboitant le pas, Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine a appelé, pour sa part, toutes les parties à la «table des négociations», au plus tard dans un délai de trente jours, pour discuter des modalités d'un cessez-le-feu et du retrait des rebelles houtis, soutenus par l'Iran, de la frontière entre le Yémen et l'Arabie Saoudite. Ainsi, même s'il n'y est pas fait mention, l'assassinat du journaliste saoudien dans le consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul qui a fait naître de lourds soupçons sur le rôle du prince héritier saoudien quand rien dans le pays ne peut se faire sans lui, a considérablement affecté la crédibilité du régime saoudien puisqu'en ramenant, au-devant de la scène, la guerre du Yémen, ses 10.000 morts et la catastrophe humanitaire qui s'en est suivie, il a poussé le Congrès américain à faire pression sur l'administration Trump pour qu'elle prenne ses distances avec Riyad. Et si, le même jour, le président de l'International Rescue Comittee, David Miliband s'est félicité de la percée diplomatique que constitue un tel communiqué, le New York Times a publié, pour sa part, des photos d'enfants yéménites mourant de faim voulant signifier, par-là, qu'il faudrait que cela cesse. Même Paris qui, au nom de la préservation de la sécurité de l'Arabie Saoudite, fournissait, sans discontinuer, à Riyad toutes les armes dont il avait besoin, commence à mettre de l'eau dans son vin. Ainsi, ce mardi Florence Parly, la ministre française des armées, a estimé, au micro de BFM-TV, qu'il était «plus que temps» que cette guerre s'arrête alors que, dans les travées de l'Assemblée Nationale, on commence à s'interroger sur le bien-fondé de la vente d'armes à Riyad au vu du désastre humanitaire qui sévit au Yémen. Pour rappel, dès qu'avaient filtré les premières informations afférentes à l'assassinat de Jamal Khashoggi, la chancelière allemande Angela Merkel avait été la première dirigeante d'une puissance occidentale à annoncer que son pays mettait fin à la vente d'armes à l'Arabie Saoudite. Disons pour terminer que, même si personne n'est en droit de se réjouir de la mort d'un être humain qui est toujours une mort de trop, l'assassinat, dans des conditions effroyables, du collaborateur saoudien du Washington Post a eu ceci de positif qu'il a dévoilé au monde entier ce que celui-ci se refusait de voir en étant aveuglé par les pétro-dollars ; à savoir la face sanguinaire d'un régime et de son nouvel homme fort. La mort de Jamal Khashoggi aura-t-elle d'autres conséquences positives sur les relations internationales ? Espérons-le et attendons pour voir…