Le quartier industriel Bir Rami à l'entrée de la ville de Kénitra a été lundi, après-midi, le théâtre de fortes explosions produites au sein de l'Usine Porcher Maroc, un fabricant d'équipements sanitaires (lavabos, éviers, etc.).Les flammes de ces explosions se sont immédiatement propagées à une unité voisine spécialisée dans la fabrication de produits en polyester. Le feu qui s'allumait au feu a rapidement transformé la zone en un brasier, semant la panique dans toute la ville.Surtout que les explosions, quelles que soient leur nature, leurs causes et leur lieu, font penser aujourd'hui à des actes terroristes. Cette connotation est fortement alimentée par les médias mondiaux qui ne cessent de bombarder l'opinion publique mondiale par des images de guerre que la guerre des images amplifie, hélas, dans la plupart des cas. Les explosions de Kénitra, dont l'information a rapidement circulé sur les réseaux sociaux, n'ont pas échappé à cette interprétation. Ce qui aurait poussé les autorités locales de la ville à réagir immédiatement à travers un communiqué rassurant l'opinion publique nationale. Au-delà de ces interprétations, dictées et manipulées par le contexte mondial, ces incendies et les dégâts qu'ils ont occasionnéssoulèvent moult interrogations quant à la sécurité dans les installations industrielles, le respect des cahiers des charges par les lotisseurs, les unités industrielles et les autorités compétentes. Les accès réservés aux sapeurs pompiers sont-ils respectés dans l'architecture de ces zones industrielles ? Les poteaux et bouches d'incendies ainsi que les canalisations d'eau destinées à les alimenter ont-ils été mis en place pour servir en pareilles situations ? Les zones industrielles sont-elles isolées des groupements d'habitations ? En effet, moult questions se posent et s'imposent dans ce cadre. Les mêmes questions se posent encore avec plus d'acuité dans les cas des usines industrielles clandestines. Le drame de la société «Rosamorts» à Lissasfa dans la préfecture de l'Arrondissement de Hay Hassani à Casablanca, en 2008, ayant coûté la vie à des dizaines d'ouvriers, demeure toujours une tâche noire, ternissant l'image de la métropole. Les autres incendies ayant ravagé à plusieurs reprises le marché aux puces de Derb Ghallef, des kissariats à Derb Soltane, des unités industrielles à Aîn Sebaâ à Casablanca, des souks à Agadir et à Inzegane dans la région du Souss, avaient suscité les mêmes polémiques et interrogations. A ce triste tableau s'ajoutent les incendies qui ne cessent de ravager les forêts au nord comme au centre du royaume, sans véritable politique de reboisement pour assurer l'équilibre naturel et permettre à ces poumons d'oxygéner les villes de plus en plus urbanisées et de plus en plus polluées. Chaque fois, une enquête est ouverte pour déterminer les causes ayant été à l'origine du déclenchement du feu, ce qui relève des compétences des autorités qui veillent au respect des lois en vigueur et l'ordre public, cependant force est de constater qu'il va falloir repenser la politique ciblant tous ces secteurs. Le tout commence par une planification des zones industrielles avec un strict respect des charges, la sécurité du transport des produits hautement inflammables, l'intervention des sapeurs pompiers et la mise en application du principe constitutionnel liant responsabilité et reddition des comptes.