Durant un peu plus d'un quart de siècle, le Maroc aura connu, sans doute, deux mutations décisives dans son parcours. Tout d'abord, la première phase avait pris naissance dans le sillage de la Koutla démocratique, ponctuée par la mise en place de l'Alternance consensuelle, en 1998. La seconde étape a vu le jour, suite aux frondes du 20 février et surtout au fameux discours royal du 9 juillet, couronné par l'adoption d'une Constitution plus avancée par rapport à toutes ses précédentes. Tout au long de l'une et de l'autre, notre pays a cumulé, pendant deux décennies, une génération de réformes sur tous les plans. Nul ne peut donc ignorer ni contester cette panoplie de réalisations au niveau institutionnel, économique et sectoriel. Que reste-t-il de toute cette dynamique truffée, certes, de contre-performances, mais fort animée par de réelles volontés affichées ? On dira sans risque de se contredire que le champ politique tel que mené aujourd'hui au sein des Institutions du pays, évolue en queue de poisson. En fait, jamais un Exécutif n'a été aussi farfelu que l'actuel dont l'action s'avère caduque. Sans nullement émousser ni minimiser les efforts de certains membres de l'équipe qui se débattent avec civisme, on ne se serait guère retenu de blâmer la fébrilité de l'acte exécutif, dans sa globalité. L'inertie semble se ramifier dans les veines de nombre de secteurs à grande acuité dans la vie quotidienne du citoyen. L'attentisme et l'immobilisme battent leur plein! Il est constaté que le second entrain impulsé par le mouvement printanier de 2011 et conforté par le sang nouveau de la loi suprême, est en passe d'expirer, depuis l'avènement du mandat actuel. Au fur et à mesure, on relèvera avec désolation, des reculs notoires, au niveau des divers acquis démocratiques. Les forces du progrès concèdent des coups durs, dans un climat politique de plus en plus, entaché de répressions. Les tensions sociales sont directement confrontées aux vives oppressions des services d'ordre qui cumulent les détentions, relayées par de sévères sentences. Les ruades de la mainmise sur les richesses du pays, exercée par la minorité au détriment de la majorité écrasante, aggravent les disparités. Le souffle réformiste, amorcé en 1998 et tonifié en 2011, tend inéluctablement à marquer le pas, ces derniers temps. Le bateau de Noé qui conduit à bon port les espérances, paraît prendre l'eau et chavirer avant terme. Tout est à refaire, dirait-on ! Un nouveau souffle démocratique aussi ardent que percutant est à repenser, dans la stabilité et la synergie de toutes les forces vives de la Nation. Tout cycle aussi puissant soit-il, accuse, à la fin, des signes de faiblesse et se voit condamné à innover ou disparaître. Le pays a donc besoin dans l'immédiat, d'un autre souffle revigorant, dans tous les domaines, notamment au niveau de la gouvernance, sous tous ses aspects, de la mise en train de nouvelles réformes en direction des couches déshéritées, du renforcement et de l'assainissement de la vie politique pour la libérer des carcans de la maîtrise…