La liste dressée ce mardi 7 Août par ELECAM, l'organe chargé d'organiser les élections présidentielles qui se dérouleront au Cameroun le 7 Octobre prochain, a retenu 9 candidats dont le président sortant Paul Biya, 85 ans, ayant déjà passé plus de trente-cinq années à la tête du pays après 7 ans en qualité de Premier ministre sous la présidence d'Ahmadou Ahidjou (1975-1982). Ainsi, outre le vieux président en exercice représentant le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, les candidats retenus sont : -Joshua Osih pour le Front Démocratique et Social, principal parti d'opposition, -Garga Haman Adji pour l'Alliance pour la Démocratie et le Développement, -Akere Muna pour le Front Populaire pour le Développement, -Maurice Kamto, représentant le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, -Cabral Libii, pour le parti Univers, -Adamou Dam Njoya, de l'Union Démocratique du Cameroun, -Serge Espoir Matomba, du Peuple Uni pour la Rénovation Sociale, – Frankline Ndifor Afanwi pour le Mouvement Citoyen National Camerounais. Dès la publication de cette liste, Cabral Libii a appelé, par voie de presse, à une candidature unique représentant toutes les formations de l'opposition en déclarant : «Je lance un appel, dès maintenant, aux autres candidats de l'opposition, pour que nous nous retrouvons très rapidement pour élaborer une stratégie pour la sécurisation du vote». Chaque candidat estimant être le mieux placé pour représenter l'opposition, le leader du parti Univers a, alors préconisé l'organisation d'une «primaire» qui désignera le candidat unique de la coalition d'opposition. Et si l'entourage du vieux chef de l'Etat sortant loue encore sa «vivacité», son «amour du peuple» et son «travail exemplaire», l'opposition, quant à elle, dénonce un «bilan catastrophique » dans lequel les camerounais n'ont eu accès ni aux soins de santé, ni à l'eau potable, ni à l'éducation, ni même à l'électricité. Tout ceci aggravé par un taux de chômage très élevé, une pauvreté grandissante et une crise sécuritaire sans précédent avec au Nord les jihadistes de Boko Haram, à l'Est des rebelles centrafricains et dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest des groupes séparatistes armés. «Paul Biya n'a jamais gagné une élection. Il a toujours utilisé l'argent pour corrompre le peuple. Il n'a jamais permis aux camerounais de voter librement» a déclaré au Monde Afrique, John FruNdi, le fondateur du Front Social Démocratique qui, à 77 ans, a décidé de ne pas se présenter aux élections présidentielles pour laisser la place aux jeunes alors que, de son côté, Jean Robert Wafo, le «ministre» chargé de l'information et des médias au sein du «shadow cabinet» du FSD déclare que «Paul Biya ne gagnera pas. Les camerounais ont le choix entre la continuité après trente-six ans et le changement qui passe par l'alternance». Serge Espoir Matomba, 38 ans, candidat du Peuple Uni pour la Rénovation Sociale, déclare, pour sa part, que «si, en trente-six ans, il (Paul Biya) n'a pas pu apporter quelque chose de bien aux camerounais, ce n'est pas durant les sept prochaines années qu'il le fera». Mais, dans la rue, c'est un autre son de cloche que nous entendons car nombreux sont ceux qui semblent résignés à «accepter Paul Biya au pouvoir jusqu'à sa mort» convaincus qu'ils sont qu'au Cameroun «tout appartient à Paul Biya» et qu'à ce titre rien ne pourra se faire sans lui. Le vieux chef de l'Etat, dont les partisans déclarent, sans ambages, «nous sommes au pouvoir et nous allons tout faire pour y rester», gouvernera-t-il le Cameroun durant sept nouvelles années malgré son bilan peu reluisant ? A première vue, il semble bien que oui mais attendons pour voir...