Au Cameroun, le taux de croissance devrait atteindre cette année 4,3%, soit une progression par rapport au 3,9% enregistrés en 2017. L'activité est soutenue par la reprise du secteur des hydrocarbures et les investissements dans les infrastructures. L'économie camerounaise devrait rebondir en 2018, après deux années de décélération, principalement attribuables à une baisse de la production pétrolière. Ainsi, le taux de croissance est projeté à 4,3% contre 3,9% en 2017. L'entrée en production de l'unité flottante de liquéfaction du gaz naturel au large de Kribi devrait stimuler les exportations. La baisse de la production de pétrole devrait en revanche se poursuivre à cause d'un faible investissement dans les coûteux projets offshore depuis 2014. Un programme d'investissement public pourrait tirer la croissance, particulièrement dans les secteurs de la construction et des services. Les projets de barrage visant à exploiter le potentiel hydroélectrique du pays seront notamment moteurs. Dès 2018, la mise en service du barrage de Memve'ele soutiendra la production hydroélectrique. Les industries manufacturières (textile et fabrication de ciment) devraient se montrer dynamiques. Des projets de développements dans l'agro-industrie pourraient également catalyser la production agricole (bois, cacao, coton). Obstacles Néanmoins, la croissance du secteur demeurera contrainte par le manque de protection de droits fonciers et l'accès limité au crédit. Ces obstacles sont représentatifs d'un environnement des affaires encore difficile qui freine l'investissement privé. Il pourrait, de plus, souffrir d'une détérioration du climat politique et sécuritaire. Si elle devrait rester orientée à la hausse, la consommation des ménages restera bridée par les faibles revenus tirés d'une agriculture de subsistance et par une faible inclusion financière. La faible demande interne et l'appartenance à la zone «franc CFA» devrait limiter les pressions inflationnistes. Après avoir souffert de la baisse des revenus pétroliers, les comptes publics se rétablissent, soutenus par un effort de consolidation budgétaire. La réduction du train de vie de l'Etat afin de préserver les dépenses sociales restera une priorité. La rationalisation des dépenses d'investissement en capital devrait permettre de se concentrer sur les projets ayant l'impact le plus fort. Taxe à l'exportation Les prix du pétrole plus élevés et l'augmentation de la production de gaz soutiendront la hausse des revenus. Dans le même temps, les efforts visant à améliorer la perception des recettes hors hydrocarbures seront poursuivis. L'introduction d'une taxe à l'exportation de 5% sur certains produits agricoles participera notamment à l'élargissement de l'assiette fiscale. Les réformes pour améliorer la perception des recettes et l'efficacité de la dépense seront soutenues par la Facilité élargie de crédit de 666 millions de dollars octroyée par le FMI. Depuis que le pays a bénéficié d'un allègement de sa dette dans le cadre de l'initiative PPTE (pays pauvres très endettés) en 2006, l'accumulation de la dette, notamment extérieure (75% du stock fin 2015) a été très rapide. Les réformes de réduction du volume des emprunts et l'accroissement du taux d'exécution des projets promis dans le cadre du programme triennal avec le FMI doivent permettre de recouvrer la maîtrise de la trajectoire de la dette. Fiche pays Cameroun Taille 23,7 millions de consommateurs Monnaie Franc CFA PIB/Hbt 1.238 dollars Croissance 4,3% (2018p.) Région économique Afrique Centrale Note Coface C (risque élevé) Doing business 2017 163e/189 Contexte sécuritaire dégradé Au pouvoir depuis novembre 1982, Paul Biya, 85 ans, n'a pas dévoilé s'il comptait concourir à un septième mandat consécutif de président en octobre 2018. Dans l'hypothèse où le président choisissait, ou était contraint de se retirer, aucun candidat ne semblerait pouvoir émerger clairement au sein du parti de M.Biya, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). En face, l'opposition semble fragmentée : avant même que le candidat du premier parti d'opposition (le Front social démocratique ou FSD) ne soit connu, une dizaine de candidatures est déjà annoncée. Celle d'Akere Muna, avocat et fils de l'ancien premier ministre Salomon Tandeng Muna, pourrait affaiblir le FSD. Par ailleurs, les violences signalées dans les régions anglophones depuis la fin de l'année 2016 accentuent les enjeux autour des élections présidentielles et législatives d'octobre prochain. La mobilisation d'une minorité linguistique animée par un sentiment de marginalisation politique et économique croissant constitue une menace à la stabilité politique et sécuritaire. Cette menace vient s'ajouter à celle que représentent les incursions, encore régulières en 2017, de Boko Haram.