Il avait promis de démanteler le site d'essais nucléaires de Punggye-ri dans le Nord-Ouest du pays et il va le faire. Kim Jong-un, le président de la Corée du Nord, est, en effet, sur le point de respecter son engagement. L'opération de destruction des tunnels qui avaient été le théâtre des six essais nucléaires effectués par Pyongyang – et dont le dernier et le plus puissant, celui d'une bombe à hydrogène, a eu lieu en Septembre dernier – est censée se dérouler au plus tard ce vendredi et ce, en fonction des conditions météorologiques. Pour médiatiser l'évènement, la Corée du Nord a invité près d'une vingtaine de reporters américains, britanniques, chinois et russes avant de donner, en dernière minute, son feu vert à des journalistes sud-coréens et leur permettre d'assister à la cérémonie. Ainsi, dès mardi, tous ceux-ci sont arrivés à Pyongyang pour assister à la destruction du site d'essais nucléaires précité quand bien même, à l'heure qu'il est, une grande incertitude plane sur la tenue le 12 juin prochain à Singapour du sommet historique USA-Corée du Nord. Il convient de noter, toutefois, que si le président américain réclame «une dénucléarisation rapide» qui puisse intervenir durant son premier mandat, il est tenu, par la même occasion, de fournir, de son côté, à la Corée du Nord, toutes les garanties nécessaires à sa sécurité car si Pyongyang sent, encore une fois, le vent tourner, il n'est pas dit que le régime nord-coréen ne fera pas machine arrière surtout que cette fois-ci, c'est de son propre chef et sans aucune contrepartie, qu'il a consenti à démanteler son site d'essais nucléaires. Mais ceci ne doit pas nous faire oublier que Pyongyang a unilatéralement annulé, par ailleurs, la rencontre de haut niveau qui devait avoir lieu ce mercredi avec la Corée du Sud pour marquer sa désapprobation des manœuvres militaires auxquelles prennent part les armées de Séoul et de Washington et évoqué le report sine die de la rencontre au sommet que le président nord-coréen devait avoir avec son homologue américain. Or, même si le Pentagone a affirmé que ces manœuvres, qui ont lieu chaque année, ont un caractère purement «défensif» et ne visent qu'à améliorer «les capacités de l'alliance américano-sud-coréenne», Pyongyang ne s'est pas empêché de faire savoir, par la voix de son vice-ministre des affaires étrangères, que si l'administration américaine qui exige «une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible» venait à mettre la Corée du Nord «au pied du mur» en requérant un renoncement unilatéral, cette dernière se verrait alors contrainte de «reconsidérer la question de savoir s'il faut accepter» une réunion au sommet entre les deux pays. Ainsi, de l'euphorie qui avait suivi l'annonce d'une rencontre au sommet entre Donald Trump et le président nord-coréen, nous sommes passés, en quelques jours, à une grande méfiance de la part de Pyongyang qui accuse Washington de vouloir, désormais, la forcer à renoncer unilatéralement à son arsenal nucléaire. Raison pour laquelle, en recevant, ce mardi à la Maison Blanche, le président sud-coréen Moon Jae-in, Donald Trump a évoqué l'éventualité d'un report de sa rencontre avec son homologue nord-coréen. Mais si certains avancent que le site de Punggye-ri était déjà devenu inutilisable, d'autres, déclarent, en revanche, que même si son démantèlement a bel et bien lieu cette semaine en présence des médias du monde entier, il pourrait facilement être remis en service; ce qui a poussé Benjamin Haas, le correspondant du Guardian en Corée du Sud, à se demander si tout cela n'est qu'un leurre et si «la destruction de Punggye-ri n'est qu'un simple spectacle (faisant) partie d'une vaste offensive de charme visant à présenter le régime de Pyongyang comme un moteur du dialogue et du progrès» et à lui permettre de «gagner des points à l'international» en faisant croire à toutes les chancelleries occidentales que s'il n'est pas parvenu à la dénucléarisation totale tant attendue c'est «à cause des pressions américaines». Vers quoi nous dirigerons-nous à l'issue de ces «négociations» qui ressemblent étrangement à une partie de « poker-menteur» au goût amer ? La paix et la concorde tant espérées par la communauté internationale sont-elles réellement au bout du chemin ? Attendons pour voir...