Le monde entier avait chaleureusement salué la célèbre «déclaration de Panmunjon» car, en permettant une rencontre entre les chefs d'Etat des deux Corées, elle avait donné à ces derniers l'occasion d'enterrer la hache de guerre et d'emprunter le chemin menant à la paix notamment après que l'arrivée d'une nouvelle administration à Washington ait grandement contribué à attiser le conflit qui couvait depuis plus d'un demi-siècle entre le Nord et le Sud de la Péninsule Coréenne. Lors de cette rencontre historique, Kim Jong-un avait rassuré son homologue sud-coréen quant à son intention de procéder à la fermeture du site des essais nucléaires en présence d'experts venus de Corée du Sud et des Etats-Unis afin de «révéler le processus à la communauté internationale de manière transparente». Il avait également signalé à son interlocuteur qu'il était prêt à rencontrer le Président Donald Trump lors d'un sommet prévu le 12 Juin; ce à quoi la communauté internationale avait applaudi. Pourtant Pyongyang a annulé la rencontre de haut niveau qui devait avoir lieu ce mercredi avec la Corée du Sud en guide de protestation contre les manœuvres militaires annuelles dites «Max Thunder» auxquelles prennent part les armées de Séoul et de Washington. En outre, de la lecture d'une dépêche émanant de l'agence sud-coréenne Yonhap et datée de ce mercredi, il ressort que la Corée du Nord a annulé cette entrevue à cause desdites manœuvres en y voyant « un défi clair à la déclaration de Panmunjom (et une) provocation militaire délibérée contre l'atmosphère favorable qui prévaut dans la péninsule coréenne». Pyongyang a invité Washington à «murement réfléchir sur le sort du sommet Corée du Nord-USA à la lumière du vacarme militaire» car «les exercices entre les forces aériennes des deux alliés constituent un entrainement pour une invasion et une provocation alors que la période était au réchauffement des relations inter-coréennes». Or, selon le Pentagone, ces manœuvres qui ont lieu chaque année seraient de «nature défensive» auraient pour seul but «d'améliorer les capacités de l'alliance américano-sud-coréenne»; ce qui n'a pas empêché Kim KyeGwan, le ministre-adjoint nord coréen des Affaires étrangères de déclarer que si l'administration américaine qui exige «une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible» venait à mettre la Corée du Nord « au pied du mur» en exigeant un renoncement unilatéral, Pyongyang se verrait alors contrainte de «reconsidérer la question de savoir s'il faut accepter» une réunion au sommet entre les deux pays. Persuadé que les Etats-Unis n'ont aucune réelle envie «d'améliorer leurs relations avec la Corée du Nord au moyen du dialogue et de la négociation» et ne pouvant retenir sa «colère face à cette politique américaine», le ministre nord-coréen a, en outre, fustigé le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton qui, dans une «tentative hautement sinistre de faire subir à la Corée du Nord le sort de la Libye et de l'Irak», aurait évoqué le «modèle libyen» pour la dénucléarisation de la Corée du Nord. Enfin, nonobstant ce regain de tension, Washington a déclaré, par la voix de Heather Nauert, la porte-parole du Département d'Etat, que n'ayant pas été informée d'un quelconque changement de programme, elle se tient toujours prête pour la rencontre au sommet prévue entre les chefs d'Etat des deux pays. Assisterons-nous, désormais, à un retour à la case départ et à une reprise de la confrontation qui prévaut dans la péninsule Coréenne divisée depuis plus de soixante années par une zone démilitarisée? Tous les espoirs nés de la rencontre entre Kim Jong-un et son homologue sud-coréen se seraient-ils subitement évanouis? Attendons pour voir...