Depuis l'assassinat, le mois dernier et par balles, du journaliste d'investigation Jan Kuciak et de sa compagne Martina Kusnirova alors que ce dernier enquêtait sur des faits de corruption présumés, en lien avec la mafia italienne, les manifestations battent leur plein dans une Slovaquie en pleine ébullition. «Nous marcherons encore autant de fois que nécessaire pour obtenir ce que nous réclamons» a déclaré Jan Galik au nom du mouvement «Pour une Slovaquie décente» à l'origine de ces manifestations qui restent les plus importantes depuis la chute du régime communiste en 1989 puisqu'elles ont réuni des dizaines de milliers de slovaques. L'assassinat du journaliste ayant renforcé les ardeurs de la presse, les employés de divers supports de presse écrite et télévisuelle donnent chaque lundi une conférence commune dans la salle de réunion d'Aktuality.sk où sur l'un des murs on peut apercevoir les portraits des protagonistes du dernier article écrit par Jan Kuciak avant sa mort reliés entre eux comme dans le cadre d'une investigation policière pour signifier à l'assistance que l'enquête suit toujours son cours et que de nouvelles informations auraient même été trouvées. Ainsi, si l'on en croit le journal SME, une ancienne députée «aurait détourné des subventions agricoles européennes en faisant passer un parking pour une terre cultivée». Cette révélation ayant trait à l'utilisation des subventions communautaires à des fins frauduleuses a immédiatement poussé l'Office Européen de Lutte anti-fraude à diligenter une enquête. «Il y a bien des policiers et des procureurs qui veulent faire leur travail» reconnait, toutefois, Matej Simalcik de l'antenne locale de Transparency International «mais ils en sont découragés». En outre, même «si les tribunaux jugent plutôt bien ce type d'affaires, ils sont rarement saisis (sauf pour) des cas concernent des pots-de-vin de moins de 100 euros. Les gros poissons, eux, ne tombent jamais dans les filets». Pour rappel, l'année dernière c'est par milliers que les slovaques avaient défilé dans les rues de Bratislava et de Kosice, la deuxième ville du pays pour dénoncer la corruption qui gangrène la Slovaquie. Ils demandaient la démission du ministre de l'Intérieur, du chef de la police et du responsable de la cellule anti-corruption du parquet à qui il était notamment reproché de n'avoir déposé aucun acte d'accusation dans la soixantaine d'affaires de corruption qui lui avaient été soumises. Au vu de tout cela, il semble donc que le bruit des bottes battant le pavé des rues des principales villes de Slovaquie pour dénoncer la corruption et la concussion n'est pas prêt de cesser et que les bougies allumées en hommage au journaliste assassiné ne vont pas s'éteindre de sitôt.