Au Maroc, 30% de la population est âgée de 15 à 29 ans et 27% de la population a moins de 14 ans. Le poids démographique de la jeunesse pourrait représenter un réel atout si la jeunesse était en position de participer concrètement aux activités économiques, sociales, politiques et culturelles du pays. Ainsi, la Constitution marocaine de 2011 stipule qu'il incombe aux pouvoirs publics de prendre toutes les mesures appropriées en vue d'étendre et de généraliser la participation de la jeunesse au développement social, économique, culturel et politique du pays (Art. 33). Les réformes apportées par la nouvelle constitution de 2011 viennent en réponse aux revendications de caractère social, économique et politique de milliers de jeunes au Maroc. L'implication des jeunes en politique et leur faible participation au moment des élections reviennent souvent dans le débat politique. Pour mieux appréhender cette problématique, il convient de prendre en compte certains facteurs : – L'influence toujours dominante de la famille dont notamment la filiation politique ; – La dissociation du monde politique avec le monde associatif qui attire plus les jeunes ; – Les effets du temps lui-même sur la constitution de l'expérience politique. En effet, quatre principales raisons peuvent expliquer le désintérêt des jeunes pour la politique : – Faible niveau de connaissance politique : les jeunes sont de moins en moins éveillés à la politique. Cela semble provenir du contexte familial dans lequel la politique n'est pas une des préoccupations principales. De même, il ne semble pas falloir compter sur l'école pour susciter l'intérêt des jeunes pour la politique. Enfin, une autre explication tient au fossé qui existe entre la classe politique et les jeunes. Les partis politiques ne communiquent pas ou peu à destination des jeunes. On n'explique pas aux jeunes ce qu'est la politique et à quoi elle sert. – Le discours politique : Il pose deux problèmes, sur le fond et sur la forme : sur le fond : les jeunes ont le sentiment que les sujets traités par les politiques sont loin de leur préoccupation, ils ne se sentent donc pas vraiment concernés par le discours véhiculé par les différents partis. sur la forme : le langage ne semble pas adapté aux jeunes. Les réponses formulés par les hommes politiques aux questions qui leur sont posées se traduisent par de longues phrases, parfois peu compréhensibles. L'absence de réponse claire rend le discours trop compliqué et démotive les jeunes qui auraient pu commencer à s'intéresser à la politique. Un rapport lointain entre les jeunes et la politique : Les femmes ou hommes politiques sont pour les jeunes des personnes d'un âge avancé qui n'ont que peu ou prou de réels contacts avec le monde des «petites gens» et notamment des jeunes. Les politiques ne seraient donc pas en mesure de comprendre «les préoccupations jeunes» et les jeunes ne peuvent pas s'identifier aux hommes politiques qui sont censés les représenter. Ce rapport lointain s'explique aussi par une vision néfaste qu'ont les jeunes des hommes politiques : pour une grande partie des jeunes, les hommes politiques sont des «pourris », des hommes guidés par leurs ambitions personnelles et non plus l'intérêt général. Une grande majorité des jeunes âgés de 18 à 30 ans ont une mauvaise image des hommes et femmes politiques. – Un manque de projets réels : Les mesures prises en faveur des jeunes s'apparentent d'avantage à des mesurettes qui ne vont pas suffisamment loin. Ce manque de projets concrets peut être compris comme le reflet d'une jeunesse qui a perdu espoir dans l'avenir. À l'heure actuelle, les jeunes pensent et imaginent leur avenir sur du court terme et non sur du long terme. Ce phénomène provient certainement d'un manque de projet de société plus global. Encourager l'engagement civique Pour les jeunes, la participation citoyenne et l'engagement civique contribuent à l'intégration dans la collectivité, à l'établissement et au renforcement d'un sentiment d'appartenance ainsi qu'à une prise de conscience de ce qu'il est possible de réaliser lorsque l'on s'implique concrètement dans sa collectivité. La participation et l'engagement des jeunes sont essentiels pour la démocratie québécoise. Ils permettent de mieux connaître et comprendre les besoins et les souhaits de la jeunesse et de les intégrer davantage dans les décisions collectives. Participation et engagement Il existe une différence d'implication entre la participation et l'engagement. La participation correspond à un investissement personnel ponctuel et relativement limité par rapport à l'engagement, synonyme de responsabilités accrues et de plus longue durée. La participation et l'engagement des jeunes dans leur collectivité constituent un moyen concret d'assurer à la jeunesse une influence significative. L'engagement civique permet aux jeunes de faire valoir leurs idées et leurs intérêts, malgré la diminution de leur nombre relatif. Des moyens disponibles pour stimuler l'engagement des jeunes Plusieurs moyens sont disponibles pour stimuler la participation citoyenne et l'engagement civique des jeunes. Les nouvelles technologies de l'information et des communications permettent de joindre les jeunes et de les informer des évènements politiques pouvant les toucher ainsi que des possibilités d'action qui en résultent. Elles favorisent leur mobilisation. L'existence et la disponibilité de lieux de participation facilitent l'implication de jeunes d'horizons et de champs d'intérêt divers. La participation citoyenne et l'engagement civique contribuent à intégrer les jeunes dans la collectivité tout en faisant bénéficier l'ensemble de la société d'un apport crucial pour l'avenir, les jeunes peuvent réinventer leur rapport avec la chose locale et publique de la manière suivante : * encourager les jeunes à s'engager dans leurs collectivités; * encourager les jeunes à exercer leur droit de vote, notamment en les invitant tôt à des exercices de simulation; * contribuer à la création d'environnements où les jeunes sont écoutés et où ils savent que leur contribution aura un impact; * encourager les projets visant la participation citoyenne et ceux qui permettent aux jeunes d'acquérir des compétences de leader. Somme toute, les jeunes peuvent construire une culture de la chose publique de la manière suivante: * Il faut pouvoir encourager les jeunes à développer leur opinion et leurs propositions, car les politiques ne prennent pas suffisamment en considération les idées des jeunes. * Développer des valeurs d'altruisme envers les jeunes politiciens. * Proposer aux jeunes des moyens pour matérialiser leurs idées. * -Développer les réseaux sur internet tels que des forums de discussion, des sites Web, des pages sur les réseaux sociaux, etc. * Organiser des rencontres avec les jeunes dans le but de les aider, les conseiller, les intégrer à la vie politique. * Faire du lycée un lieu d'apprentissage de la démocratie par l'organisation de débats en amont des élections et des discussions parlementaires ; * Lancer un débat national sur l'abaissement du droit de vote à 16 ans ; * Permettre à tous les étudiants de s'engager pendant une année, comme bénévoles ou en service civique, tout en bénéficiant de leur affiliation étudiante. Pour reconnaître et valoriser l'engagement, il est notamment préconisé de : * Systématiser la délivrance d'attestations pour les bénévoles, afin de valoriser les compétences acquises dans le bénévolat ; * Instaurer une « note bénévolat » pour l'obtention du brevet, baccalauréat ; * Octroyer des notes bonus utiles à l'obtention de leur diplôme ; * Instaurer le principe de parrainage politiques assuré par des politiques aux jeunes, en vue de préparer la relève ; * Le rôle des médias dans les programmes dédiés à la vulgarisation de la chose publique avec un langage proche des jeunes ; * L'introduction de cours sur l'engagement citoyen et politique, la chose publique et local etc.