Haïm Zafrani est l'une des personnalités emblématiques de la diversité et de la profondeur de l'histoire du Maroc. Né en 1922 à Mogador, il est décédé en 2004 à Paris. Pour faire revivre sa mémoire et préserver le patrimoine judo-marocain, un édifice en cours de restauration a été baptisé en son nom : le centre Haïm Zafrani. Ce bijou au cœur de la cité des Alizés a pour objectif de valoriser et promouvoir la mémoire judéo-marocaine d'Essaouira. «Le projet rentre dans les prérogatives du Ministère de la Culture et de la communication et la direction du patrimoine culturel qui a initié un plan d'action de restauration et de réaménagement et de mise en valeur des monuments historiques et des sites archéologiques. La synagogue en fait partie. C'est un édifice historique national situé dans une ville classée comme patrimoine mondial», fait savoir Abdellah Alaoui, directeur du Patrimoine culturel au Ministère de la Culture et de la Communication. Pour lui, ce centre est un lieu de culte juif faisant partie du patrimoine judo marocain. «Nous avons lancé la restauration de cet édifice, en partenariat avec l'Association Essaouira-Mogador et avec la contribution de la communauté juive de Marrakech parce que l'édifice leur appartient. Cette communauté a mis cet édifice à la disposition du Ministère pour la restaurer et en même temps en faire un centre d'étude dédié au patrimoine judéo-marocain baptisé Haïm Zafrani, une personnalité qui a beaucoup donné à l'histoire du Maroc, surtout au niveau du Judaïsme», a-t-il ajouté. D'après le directeur du Patrimoine culturel au Ministère de la Culture et de la Communication, des objets, photos et costumes des familles juives seront exposés au centre. «Il y a aura aussi ce qu'on appelle «Bayt Dakira». En effet, au rez-de-chaussée, on exposera tous les éléments de la civilisation judéo-marocaine : textile, parures, mais aussi et surtout l'histoire des familles souiries, notamment «Toujar Soltane» ayant fait d'Essaouira un centre économique international», a-t-il ajouté. Les travaux vont bon train. Dans quelques mois, les visiteurs d'Essaouira découvriront les trésors de la culture judéo-marocaine à travers une collection inédite. «Nous sommes presque à 85% des travaux. Dans quelques mois, le centre sera prêt. Nous travaillons actuellement sur le contenu. Ce qui est important aujourd'hui c'est la scénographie, les vitrines, le mobilier adapté au lieu, un lieu de culte, sacré qui va être ouvert au public ainsi qu' au centre qui va être chargé des études sur le patrimoine judéo-marocain et qui abritera des chercheurs du monde entier. Ce sera un lieu de rencontres des civilisations et des chercheurs qui s'intéressent au rapprochement des religions», a-t-il ajouté. Cet édifice important, conclut-il, est le premier du genre dans le monde arabe et musulman. Pour Sidney Corcos, muséologue, le centre sera un endroit vivant. En bas, il y aura un centre de mémoire qui mettra en lumière l'histoire de la communauté juive d'Essaouira d'antan et qui était d'ailleurs très importante. «50% de la population était juive à Essaouira. Il y a des objets qui seront exposés dont des robes de mariées juives, des bijoux anciens et d'autres objets que nous sommes en train de collecter. Il y aura beaucoup de photos. Il y aura aussi l'histoire des familles, cultes, mariage, enterrement, circoncision que nous avons essayé de monter avec des photos et quelques objets. Il y aura l'histoire des personnages très intéressants, entre autres les grands rabbins, les familles «toujar soultane», nous a affirmé Sidney Corcos. Ce centre permettra la préservation et la promotion de la mémoire judéo-marocaine. Ce sera aussi un espace d'échange entre les chercheurs de divers horizons.