Devrait-on se sentir soulagé de l'expiration de l'année qui vient tout juste de rendre l'âme? L'humanité, de long en large, accueille un tout nouvel an et tourne la page, avec l'espoir de voir s'exaucer les vœux qu'elle ne s'arrête pas de formuler. Chez nous, on n'y reviendra pas! 2017 était, sans nul doute, celle des grands reculs sur ce que le pays a bien cru avoir fait avancer dans le rythme des réformes. Certes, le Maroc réintègre l'Afrique en trombe et du coup, inflige des revers cinglants à ses ennemis qui ne cessent de lui contester ses provinces du sud récupérées. En plus, nombre d'acquis sur le plan économique en particulier, semblent garnir le répertoire de son expansion, tels que les énergies renouvelables ou encore certains projets infrastructurels, en termes de réseaux autoroutiers, de locomotion à grande vitesse, de conquête spatiale même… Cependant, nul ne s'estimerait satisfait de la cadence quasi-stagnante de la question sociale dont les retombées s'avèrent fâcheuses envers les souches miséreuses. Les disparités entre citoyens nantis et déshérités, entre territoires favorisés et enclavés, sont légion dans un pays où la dignité et la liberté se font de plus en plus rares. La vie politique n'a jamais été si squattée depuis qu'on s'est permis de s'immiscer dans la chose partisane interne en vue de déposséder les instantes légitimes de leur liberté de décision. En fait, on s'est soigneusement gardé de maîtriser à coups fermes, sans aucun sens de retenue, le mouvement des partis pour pouvoir maintenir l'emprise du Pouvoir. Par là même, on tente de dévider certaines entités prédisposées de toute substance «nationale et progressiste» afin de poursuivre aisément les politiques libérales impopulaires. Comment peut-on alors concevoir une avancée aléatoire à sens unique, si la majeure partie du peuple n'en profite pas? Pis encore, a-t-on le droit de continuer à tolérer tout un processus politique dysfonctionnel où les institutions en place, sensées être libres, sont fragilisées par l'ingérence accrue des «vrais» gouvernants ? La démocratie de façade qu'on essaie éperdument de faire valoir dans une nation dite «émergente», ne peut indéfiniment perdurer, sous l'effet de cette crise politique permanente. Le respect voire le renforcement des diverses institutions, en particulier celle de la pratique politique, sont les assises fondatrices d'un essor national sain et pérenne. L'année qu'on vient d'enterrer, non sans émoi, a été un exemple de spoliation de la vie politique, de retour à la manière forte, de paupérisation des couches démunies, à travers l'ignorance de leurs droits rudimentaires et l'agression constante de leur pouvoir d'achat. La défunte année a donc constitué, de bout en bout, un réel cauchemar pour un peuple qui se fait dessaisir de la liberté d'agir et de choisir par différentes formes de fraudes électorales, qui se fait priver de ses droits les plus légitimes et se fait plier face à une injustice criarde. On s'est tant échangés, pour la présente année, de vœux de bonheur et de prospérité. Il n'en demeure pas qu'il est temps de les assouvir, devant tant de souffrances et de calvaires ! Mais, le Pouvoir, lui, a-t-il l'intention de se rendre à l'évidence et desserrer enfin l'étau de la mainmise sur son cou avant d'éventuels éclatements? A cet égard, on ne peut se suffire des vœux du nouvel an. Encore faut-il se ressaisir pour le dissuader, par l'implication de toutes les forces vives en vue de forcer ce dessein qui ne saurait être fatal à perpétuité…