Alors que les observateurs du monde entier ont le regard encore tourné vers le Proche-Orient et notamment vers le Pays du Cèdre puisque le sort de son Premier ministre, «démissionnaire» pour les uns mais «démissionné» pour les autres, y est encore incertain, voilà que la diplomatie française s'invite dans le conflit qui oppose le Royaume Wahhabite à la République islamique d'Iran et dont le Liban risquait de payer la lourde facture. Aussi, pour voler au secours de Beyrouth eu égard aux liens historiques qui l'unissent à Paris alors que la démission-surprise de Saâd Hariri semble avoir été dictée par l'Arabie Saoudite avec laquelle ses relations sont également «au beau fixe», la France a offert l'asile au Premier ministre libanais. Emmanuel Macron a tenu à rappeler que la venue de Hariri en France ne serait «pas du tout» un exil; une précision qui s'impose dès lors que la France avait déjà été, par le passé, «une terre d'exil pour les dirigeants libanais» ; le dernier en date ayant été l'actuel Président Michel Aoun qui y avait séjourné de 1990 à 2005. Mais si l'initiative française semble avoir quelque peu apaisé les tensions, elle n'est pas, pour autant, dénuée d'effets indésirables car, d'une part, les libanais auxquels Hariri avait promis un rapide retour au Liban seront « déçus» – ce qui va, sans nul doute, affaiblir sa position au sein même de sa propre communauté – et, d'autre part, le devenir de la crise libanaise est encore incertain dès lors qu'il reste intimement lié à l'évolution de la situation en Arabie Saoudite et à la poursuite des purges entamées par le nouvel homme fort du régime, le Prince héritier Mohammed Ben Salmane. En visite à Paris, GebranBassil, le ministre libanais des Affaires étrangères, a «remercié la France pour son soutien». Or, de l'avis de certains observateurs, cette démarche viserait plutôt à inciter Paris à accélérer le retour de Saad Hariri au Liban car pour parvenir à un réel déblocage de la situation, il faudrait que celui-ci «reprenne ses fonctions de Premier ministre», ce qui présuppose qu'il accepte de continuer à gouverner avec le Hizbollah peu prompt, pour sa part, «à faire des concessions sur ses prétentions politiques au Liban». Il semble donc que l'attitude de Ryad soit vouée à l'échec en ce sens qu'au lieu de retourner les libanais contre le mouvement chiite, elle n'aurait contribué qu'à les «souder» encore plus autour de leur Premier ministre. En outre, la rumeur voudrait même que certaines des affiches de Saâd Hariri placardées dans les rues de Beyrouth dès le début de la crise soient le fait de membres du Hizbollah. Enfin, s'il est encore prématuré de considérer que l'initiative française va permettre à la crise libanaise de connaître un dénouement heureux, il ne serait pas malvenu d'espérer qu'avec un Hizbollah qui semble, pour l'heure, faire profil bas afin d'éviter toute escalade, le Liban pourra rapidement retrouver la quiétude et l'apaisement auxquels il aspire...