Les libanais sont encore sous le choc après que Saâd Hariri leur ait annoncé, ce samedi et depuis Ryiad, avoir choisi de quitter ce poste de Premier ministre qu'il occupe depuis Décembre 2016 et depuis qu'il a été à la tête d'un gouvernement d'union nationale comprenant des membres du Hizbollah; une coalition qui semblait avoir réussi à préserver le Liban des répercussions de la guerre civile qui gronde en Syrie depuis près de six années. «Je sens que ma vie est visée» a-t-il déclaré en évoquant la «mainmise» iranienne sur son pays par le biais du Hezbollah avant de préciser que son pays serait en train de vivre une situation similaire à celle qui prévalait, en 2005, à la veille de l'assassinat de son père ; un meurtre qui avait ébranlé le Liban et dans lequel ont été mis en cause quatre membres du Hizbollah. Saâd Hariri, farouchement hostile au régime de Damas lisait son discours depuis un bureau de l'Hôtel Ritz de la capitale saoudienne devant un drapeau libanais. Il a tenu à rappeler que «ces dernières décennies, le Hezbollah a imposé une situation de fait accompli par la force de ses armes». Allié du régime de Bachar El Assad et soutenu par Téhéran, le Hezbollah, qui reste tout de même la bête noire du régime de Tel Aviv, est le seul parti libanais à avoir refusé d'abandonner ses armes après la fin de la guerre civile qui a sévi au Liban de 1975 à 1990. Tout en rejetant les «accusations sans fondements» portées contre son pays, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a «regretté» la décision prise par Saâd Hariri avant d'ajouter que «la répétition des accusations sans fondements contre l'Iran montre que cette démission est un nouveau scénario pour créer des tensions au Liban et dans la région». Le Président libanais Michel Aoun qui considère comme étant nulle et non avenue une démission annoncée par téléphone, a réuni ce lundi matin son Conseil de défense et souhaité que son Premier ministre vienne en personne lui faire part de sa décision et ce, d'autant plus qu'en étant annoncée depuis Ryad cette démission semble avoir été dictée par les autorités saoudiennes pour en «découdre» avec l'Iran sur le terrain libanais. Mais cette démission surprise qui a été vue par les capitales occidentales et notamment par Paris comme étant une injonction saoudienne risquer aussi de plonger dans «une zone de très forte turbulences» un pays aux équilibres très fragiles comme le Liban. Aussi, le gouvernement français qui reste persuadé que Saâd Hariri aurait été arrêté à l'Hôtel Ritz par les autorités saoudiennes avec plusieurs autres personnalités proches du régime au moment du fameux séisme politique dont elles ont été victimes, a demandé officiellement au Prince héritier Mohamed Ben Salmane de libérer le Premier ministre libanais. Osons, tout de même, espérer que le pays du Cèdre qui a déjà payé pour son multi-confessionnalisme séculaire ne va pas faire, cette fois-ci, les frais de la guerre sans merci que se livrent les sunnites et les chiites!