Le top management de PSA, nouveau propriétaire d'Opel, a ficelé un plan stratégique destiné à faire de la marque au Blitz un champion de la rentabilité au cours des dix prochaines années. Les premiers effets devraient se faire sentir assez rapidement, cela dit, certaines mesures relevant de la «Blitzkrieg» (guerre éclair dans la langue d'Adam Opel). Les 38 000 salariés de la marque allemande craignent cependant d'être les victimes collatérales de cette offensive tous azimuts... Tombé dans l'escarcelle du groupe PSA en mars dernier, Opel a présenté voilà quelques jours un plan de relance pour les dix prochaines années. Nommée «Pace !» («allure» ou «vitesse» dans la langue de Lyons, le Shakespeare de l'automobile, qui partage d'ailleurs avec l'auteur son prénom), cette feuille de route ambitieuse doit permettre à la marque de renouer assez rapidement avec la rentabilité. Ce ne sera pas une sinécure, sachant que la marque allemande et sa filiale anglaise Vauxhall ont cumulé ces quinze dernières années, quand General Motors était aux manettes, des pertes s'élevant à plus de 10 milliards de dollars ! Certains analystes évoquent un déficit de 4 millions d'euros par jour ouvré au cours de l'année qui a précédé le rachat de l'entreprise! Cependant, le big boss de PSA, Carlos Tavares, l'architecte de ce plan de redressement, qui est déjà parvenu à réaliser des miracles en sauvant son fleuron, Peugeot, bien mal en point avant la reprise du groupe par Dongfeng Motor en 2014, affiche un optimisme à toute épreuve. Pour inverser la tendance, PSA mise tout d'abord sur les synergies et s'y est déjà attelé d'ailleurs, avec le lancement coup sur coup, ces derniers mois, des Opel Crossland X et Grandland X, fabriqués respectivement sur les lignes de production de la Citroën C3 Aircross et du Peugeot 3008. Ces modèles partagent avec leurs nouveaux cousins germaniques leur plateforme, leurs moteurs et diverses autres pièces. D'ici à 2024, tous les modèles Opel seront fabriqués sur des bases roulantes PSA. A terme, le groupe PSA procédera à une réduction draconienne du nombre de ses plateformes (de neuf à deux) et de ses groupes motopropulseurs (de dix à quatre). Le plan «Pace !» prévoit aussi l'intensification des économies d'échelle dans le domaine des moteurs électriques, où Opel jouit d'une belle expertise avec l'Ampera, puis l'Ampera-e, et de variantes plug-in hybride. Tout ceci devrait déboucher sur une belle réduction des coûts de production, mais il faudra néanmoins réaliser des économies autrement plus substantielles afin de retrouver la compétitivité. En effet, d'ici à 2020, Opel devra réduire ses coûts de 700 euros par modèle en moyenne. Pour cela, les dépenses de son département marketing seront rognées de plus de 10 %, tandis que les frais généraux et dépenses administratives devront pour leur part chuter de 5,6 % à 4,7 % du chiffre d'affaires. Plan social? Bien que Tavares ait soutenu, durant le salon de Francfort, que «Pour Opel, les salariés sont la solution et non le problème», bien qu'aucune fermeture d'usine ne soit prévue dans ce plan, les coupes budgétaires pourraient fort bien être synonymes d'un allégement de la masse salariale. Le plan de PSA prévoit des dispositifs de retraite anticipée sans renouvellement de postes et des plans de départs volontaires. Mais ce sont les «départs contraints» que redoutent les 38 000 salariés de la marque au Blitz. Et leurs craintes sont légitimes. En 2014, quand il a pris les rênes du groupe, Tavares n'avait pas fait dans la dentelle. Il a établi un plan social qui s'était traduit par la suppression de 20 000 contrats CDI et par un gel des salaires. En fait, les licenciements pourront être évités si tout se déroule comme le prévoit le plan stratégique de PSA, si Opel parvient à redresser promptement la barre commercialement parlant. Pas moins de neuf nouvelles carrosseries apparaîtront au catalogue de la marque d'ici à 2020. Entre-temps, l'arrivée d'un nouvel utilitaire, le Combo, jumeau technique des futurs Peugeot Partner et Citroën Berlingo, est programmée pour 2018 et celle de la nouvelle Corsa l'année suivante. Si Opel parvient à augmenter ses ventes de 25% à l'horizon 2020, si ses modèles actuels et ceux à venir rencontrent le succès sur les marchés traditionnels de la marque, mais aussi au sein des 20 nouveaux pays dans lesquels la marque se déploiera d'ici à 2022, pays dont certains sont absolument incontournables (la Chine, par exemple, où General Motors commercialisait l'Insignia sous le badge Buick), le top management de PSA garantit que la réduction de la masse salariale n'aura pas lieu d'être. Autant dire que c'est loin d'être gagné!