Les Lions de l'Atlas ont enfin validé leur ticket vers la Russie. Il a fallu aller puiser cette qualification du fond des tripes de tous les joueurs qu'on a qualifiés, à juste titre, de farouches guerriers. Ils ont combattu très dur, pas uniquement pour leur propre orgueil, mais, ils l'ont fait surtout pour ce peuple qu'ils n'osent pas fuir des yeux ni décevoir, au sortir du champ de jeu. Ce peuple-là qui n'était plus sorti dans les rues pour une présence en coupe du monde, durant deux longues décennies, méritait bien de faire exploser sa joie, enfouie dans l'amertume. A l'instar de tous ses homologues de la planète, nantis comme démunis, le peuple marocain a jalonné les artères des métropoles et ratissé les rocailles des douars pour crier, haut et fort, son bonheur. Qu'y a-t-il de si mal dans toutes ces jubilations qui débordent même dans l'hystérie? De quel droit s'acharne-t-on à vouloir lier cette liesse passagère aux diverses affres journalières du peuple? On ne comprendra jamais pourquoi certains malins trouvent du plaisir à gâcher ce défoulement festif, en allant dénicher des controverses dans la misère, le chômage, l'illettrisme…De grâce, ajournez vos alertes à plus tard et laissez le peuple exprimer ses «folies», au lieu de pénaliser, à tort, ses vifs sensations spontanées ! Ne lui confisquez pas son droit à la joie, ne serait-ce qu'une seule soirée! Ce n'est pas parce qu'on est pauvre et désœuvré qu'on n'a pas le droit d'être joyeux pour un exploit acquis dans la douleur ! Certains renégats sont même allés jusqu'à dire que le Makhzen y est pour quelque chose dans cette hilarité explosive, afin de «dissimuler» les vrais problèmes du peuple ! Une duperie qui fait pitié…Le peuple marocain est sorti fêter ses héros, de plein gré, sans que personne ne l'y oblige, par fierté et patriotisme. Ce sont bien ces joies qui forgent le sentiment de l'appartenance, en dépit des contraintes du vécu quotidien. Tout esprit sain et civique ne peut alors que préserver le droit à la joie et valoriser l'effet bienfaisant qui en découle, loin de tout grincherie démobilisatrice.