La réflexion sur les questions de l'exil, de la mémoire, et de la migration travaille, retravaille et habite les penseurs et les chercheurs de nos jours ; notamment dans un contexte mitigé, tourmenté, incertain et meublé de doutes, de mouvement et d'incertitude. En effet, dans «Exil, mémoire, migration», nouveau collectif de textes réunis et présentés par Mustapha Bencheikh et Yves Geffroy, et édité par l'université internationale de Rabat et Casa Expresse éditions, des écrivains, philosophes, chercheurs, journalistes et professeurs se penchent sur un ensemble de questions d'actualité et d'acuité entre autres l'exil, l'étrangeté, «le vivre ensemble», la mémoire, l'écriture, la migration, l'émigration et la mémoire. «Ce livre n'est possible que parce que nos sociétés continuent de vivre des drames humains, politiques, économiques, et sociaux que nos gouvernements ont du mal à contenir. Il permet avec d'autres ouvrages de prendre la température du monde dans lequel nous vivions», écrit Mustapha Bencheikh. Ce sont des regards différents, des points de vus différents et des visions différentes vis-à-vis de ces questions. Chacun dans son domaine, les textes des collaborateurs recueillis dans ce collectif révèlent des expériences de vie, du rapport à l'écriture, à la mémoire et à la migration. «Il fait côtoyer des personnalités différentes qui croisent des disciplines également différentes sans perdre de vue ce qui les rassemble», ajoute Mustapha Bencheikh. Selon lui, «la question de la mémoire pourrait bien être le thème majeur de ce vingt-et-unième siècle. Outre qu'elle renvoie à l'histoire même de nos sociétés, elle postule également un avenir et anticipe nos prochains défis». On s'isole quand on écrit ? Pour l'écrivain Nedim Gursel, écrire est une expérience qui isole. Il n'habite ni une ville ni un pays, mais deux langues. La langue pourrait être un lieu d'exil. Ainsi, quand on l'évoque, l'exil, la mémoire, la migration, les concepts de dépassement, le non-lieu, la fuite, l'autre, l'hospitalité, le vivre en commun, le vivre ensemble, le départ, l'oubli, l'étrangeté…nous viennent à la tête. «L'exil est-il la place de l'oubli ? Peu à peu, certainement, je vais perdre mon visage tout en portant un monde qui sera de plus en plus un fardeau», écrivait le philosophe Luc Deslandes. Un livre intéressant et d'actualité.