La communication, encore faut-il qu'elle soit bien menée, ne peut prendre la place de l'action politique. Et si cette communication s'accompagne d'une autosatisfaction, au moment où «notre peuple a des attentes de plus en plus grandes», elle devient contreproductive et malsaine. Si à cela s'ajoute un embrouillamini développé par ceux qui sont censés répercuter à travers leurs médias les éléments de langage qui devraient aider le marocain lambda à comprendre ce qu'il en est ; c'est le zéro absolu! Dans cette action de parasitage, la palme revient à cette onde «atlantique» qui fait bouder une réunion à un secrétaire général alors qu'il s'occupait des obsèques de sa mère défunte ! Au fait de quoi s'agit-il? Après cent vingt jours de la mise en place du gouvernement, la majorité qui en constitue l'assise décide de se réunir en présence de la presse et des directions des partis politiques impliqués. Objectif : présenter un bilan de l'action gouvernementale en laissant croire que chaque jour avait connu une réalisation. Comme si l'état de grâce, s'il existe, se dilatait sous nos latitudes ! Jeu de comm. beaucoup plus que la présentation d'un bilan, comme le relève la remarque jaune d'un chef de parti, ancien habitué des arcanes gouvernementaux. Nécessité oblige. Le gouvernement, malmené par un certain nombre de couacs, se devait de se manifester.Ne voulant pas se mouiller plus qu'il n'en faut en tant qu'institution responsable, dans une certaine mesure, de la gestion des affaires publiques ; il se met derrière le paravent de sa majorité électorale pour vanter sa cohésion et sa capacité à affronter les contradictions qui la secouent. On ne peut s'attendre à une autre preuve d'existence de la part d'une majorité qui ne s'est pas encore libérée de son péché originel, celui de sa formation. Qu'en est-il alors? La réforme administrative est décrétée mais reste «dans l'air» dans la réalité des arrondissements et des communes territoriales d'une part, et dans les bureaux des différents départements ministériels d'autre part, faute de décentralisation et de déconcentration suffisantes pour la mise en œuvre de la régionalisation avancée encore souhaitée. La paperasse appelle la paperasse dans toutes les administrations! Dans les écoles, le sureffectif des classes persistera jusqu'en 2030! Certes; des hôpitaux sont inaugurés, mais l'amélioration du service de la santé s'impose. Et si les écarts sociaux font le grand écart, à écouter les doléances et les réclamations de la population; le gouvernement souhaite les réduire. Il n'y qu'à constater, pour s'en assurer, la ruralisation sournoise de l'urbain existant ! Paroles de coach à une équipe marquée par l'individualisme et rongée par le doute beaucoup plus que véritable bilan démontrant une action gouvernementale qui vise «à ne pas décevoir les revendications des citoyens dans le cadre de la mise en œuvre de la constitution dans son ensemble». On attendra donc les 120 prochains jours avec, pourquoi pas, 240 réalisations gouvernementales si le nouveau censeur du champ politique national dépasse sa critique formelle concernant le style de cette langue française malmenée dans (ou sur, je ne sais plus !) nos cabinets ministériels et d'aider son beau pays par des propositions concrètes afin que son développement s'améliore. Boule à zéro, aussi lisse qu'une orange de Berkane, usant d'un franc-parler maîtrisé, le nouveau censeur dénonce et relève les insuffisances et les dysfonctionnements pour insinuer le doute sur ce qui va venir. Usant de comparaisons non appropriées, il continue son travail de sape par la communication. Pour la simple raison qu'il ne répond pas à l'éternelle question «Que faire ?» et ne propose aucune «issue heureuse en réponse à des questions lancinantes» comme le font, ou tentent au moins de le faire, certains patriotes agissant dans le domaine de la comm. Ainsi et comme par hasard ; d'une manière concomitante et certainement sans aucune coordination, deux actions de comm.se rejoignent pour ajouter du doute au doute et laisser la population dans l'expectative. Dans l'attente ; car, «il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera…». Comm. perverse et corrompue.