La stratégie commune des quatre partis formant la Majorité gouvernementale pour les élections communales et régionales du 4 septembre, les premières depuis l'adoption de la nouvelle Loi fondamentale en 2011, semble porter ses fruits au regard des résultats obtenus. Le Parti Justice et Développement (PJD), chef de file de cette alliance, a amélioré de façon notable son score dans ce scrutin à valeur de test pour les législatives de 2016. Il a plus que tripler le nombre de sièges remportés 5021 sièges (15,94%), contre 1513 sièges (5,5%) en 2009. Alors que les autres formations adhérant à ce bloc, à savoir le Rassemblement National des Indépendants (RNI), le Mouvement Populaire (MP) et le Parti du progrès et du Socialisme (PPS), ont obtenu respectivement 4408 sièges (13,99%), 3007 sièges (9,54%) et 1766 sièges (5,61%). C'est au nom d'un pacte moral et d'une logique majoritaire que les quatre partis avaient arrêté cette stratégie. Deux mois avant la tenue du double scrutin de vendredi, leurs dirigeants avaient tenu une réunion à Rabat, annonçant une unité aussi bien à l'intention des électeurs que de l'opposition et se félicitant de l'intelligence et de l'unité dans laquelle travaille la coalition. Cette stratégie bien 'pensée'' et 'murement réfléchie'' semble avoir porté ses fruits. Le PJD, fer de lance de cette alliance, critiquée par l'Opposition qui la juge "opportuniste'', a promis de se positionner parmi les tout premiers lors des élections de vendredi. Et il l'a fait. Yes, We Can '' lançait son leader, Abdelilah Benkirane, durant la campagne. Si le slogan faisait sourire d'aucuns, la percée du parti de la Lampe a fait vite de taire les plus sceptiques. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Avec 5021 sièges (15,94%) remportés lors du scrutin communal de vendredi 4 septembre, Benkirane et ses compagnons réussissent une belle percée. De la 6ème position en 2009 lorsqu'il avait obtenu 1513 sièges (5,5%), le PJD passe à la troisième. Le résultat est significatif. Les clés de cette réussite se résument en deux mots : persévérance et abnégation, dixit Abdelilah Benkirane. L'expérience du PJD dans la gestion communale et ses réalisations au gouvernement expliquent "les résultats positifs'' obtenus lors des élections communales et régionales du 4 septembre'' et la percée réalisée par le parti lors de ce scrutin par rapport à 2009 s'explique par "l'intégrité et l'honnêteté de ses candidats et leur persévérance au service de l'intérêt de la nation'', s'est enorgueilli le chef du parti de la Lampe devant la presse après la proclamation des résultats partiels et provisoires. Le parti, qui a fait son entrée en politique depuis près de 20 ans, est parvenu à s'intégrer de manière progressive dans son environnement politique et a su gagner la confiance des citoyens. Le nombre de ses députés est passé de 9 à 107 lors des législatives de 2011 alors que celui de ses conseillers communaux est passé de 600 à 1.500 en 2009. Six ans plus tard, le PJD remporte haut la main plus de 5000 sièges (15,94%). Le Rassemblement National des Indépendants (RNI) de Salaheddine Mezouar, l'autre parti formant avec le PJD, le Mouvement populaire (MP) et le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), la coalition des partis de la Majorité gouvernementale, est en léger recul. De la 3ème position en 2009 avec 4112 sièges (14,8%), il se retrouve à la quatrième position avec 4408 sièges (13,99%). Commentant le score du RNI lors du scrutin de vendredi, M. Mezzouar a affiché sa satisfaction le qualifiant de «très honorable''. La 4e position obtenue par le parti est «positive» et «très honorable» compte tenu du taux de couverture du RNI des circonscriptions électorales. Question alliance post-électorale pour la gestion de certaines villes et conseils, le président du RNI ne la pas écarter mais dans le cadre de la majorité, nuançant toutefois que le parti reste ouvert sur les autres formations. Le Mouvement Populaire (MP) de Mohand Laenser, s'il réussit une belle percée avec les 3007 sièges (9,54%) remportés en 2015 contre 2213 (8%) en 2009, stagne à la cinquième position. Le parti de Laenser, malmené par des problèmes internes, semble tirer son épingle du jeu grâce à sa forte pénétration du monde rural et à la présence de notables harakis. Réuni au lendemain de l'annonce des résultats, le Bureau populaire du MP s'est félicité des résultats 'positifs'' obtenus par le parti, en lançant un mot d'ordre à ses élus. «L'obligation de s'en tenir au contenu du communiqué de l'Instance de la présidence de la coalition de la majorité», à savoir donner la priorité aux partis formant la Majorité lors de la conclusion d'alliances''. Quant au parti du Livre, il a réussi à augmenter, lors des élections de 2015, le nombre de sièges remportés 1766 sièges (5,61%) contre 1102 sièges (4%) en 2009 et améliorer sa position passant de la 8ème place en 2009 à la 7ème en 2015. Des résultats plus qu'honorables, le parti n'ayant couvert que 50% des circonscriptions électorales. En effet, le SG du PPS, Nabil Benabdellah affirmait, en avril dernier devant le forum de la MAP que son parti souhaitait couvrir 50% des circonscriptions lors du scrutin communal du 4 septembre. En bon élève, le PPS aura été la première formation politique marocaine à révéler son programme électoral lors d'une conférence de presse tenue le 20 juillet. Dans une réaction des résultats obtenus vendredi, le bureau politique du PPS a salué les résultats «positifs» des partis de la majorité, qui reflètent la confiance des citoyens dans le bilan du gouvernement, se félicitant également des scores «positifs» engrangés par le PPS. Au lendemain de l'annonce des résultats du double scrutin du 4 septembre, l'Instance de la présidence de la coalition de la majorité s'est engagée à gérer ses alliances dans le cadre du respect du principe de la majorité gouvernementale et à veiller à sa mise en oeuvre au niveau de l'ensemble des collectivités territoriales. Le bloc PJD-PPS-RNI-MP, qui avait conclu un accord électoral pour conquérir les grandes villes, s'est aussi félicité des résultats positifs obtenus vendredi «qui dénotent l'adhésion des citoyens à l'action de la majorité en général. Selon les observateurs, le scrutin de vendredi a valeur de test dans la perspective des législatives de 2016. Si le PJD affirme vouloir donner la priorité à ses alliés au gouvernement lors de la formation des conseils locaux et régionaux, dixit le président de son conseil national, Saad Eddine El Othmani, il n'écarte pas pour autant sa disposition à s'ouvrir sur les partis de l'opposition quand «la carte électorale» le permettra.