La majorité amorce la rentrée politique. Elle rassemble, hier dans la capitale, les siens, toutes entités confondues. Après environ cent jours de «règne», elle fait le point sur son bilan, à travers le chef de gouvernement et les leaders des partis de ses composantes. Après avoir concédé à boulets rouges les colères de toutes parts, elle sort de la fosse du lion pour dire ce qu'elle a pu réaliser et ce qu'elle était contrainte d'ajourner. Elle se rebiffe et se donne la peine de se dépoussiérer les mémoires. «Cent ans de solitude !», titrait Gabriel Garcia Marqués, le célèbre romancier colombien, lauréat prix Nobel de littérature en 1982. «Cent jours de platitude !», diraient, au même titre, des renégats et des démolisseurs, en embuscade au coin de la rue. Serait-on juste de lui tant en vouloir? Contextualiser le parcours du présent mandat rocambolesque serait plutôt judicieux pour donner à César ce qui appartient à César ! Pour ce faire, on ne saurait passer sous silence tout l'assaisonnement conjoncturel qui avait vinaigré la formation de l'exécutif, après des moments d'atermoiement, encore plus longs que son accouchement à la césarienne. L'ancien chef nommé était éconduit pour permettre l'éclatement d'une équipe vouée forcément à la disparation. Cette naissance ardue, mue dans les dédales du couac, est ipso facto, confrontée aux frondes de la zone rifaine dont la mutinerie fréquente désarçonne les agendas d'un gouvernement acculé dans le discrédit. Il serait alors impropre de s'en prendre à une mouture encore sous le choc de son enfantement mitigé, de l'ébranlement du nord dont les incidents ne sont pas encore aplanis à nos jours et de l'épée de Damoclès qui sème le tumulte. On ne pourrait donc s'attendre à meilleur rendement, au regard de toutes ces péripéties handicapantes. Cependant, nul ne devrait non plus ignorer l'effet de vouloir férocement balkaniser et démystifier la pratique partisane dans notre pays, d'une part et le recul des forces démocratiques et progressistes, d'autre part. La rencontre introductive de la saison politique a permis d'étaler les atouts mais également les entraves qui persistent encore dans la marche de la majorité. Elle constituera, sans doute, un réel leitmotiv pour entamer une nouvelle manche, sous des chapeaux rouges, avec davantage de mobilisation et d'enthousiasme. Quoi qu'on puisse dire des heurts et des malheurs qui peuvent paraître dans les rouages de cet ensemble « hétérogène », le défaitisme et la dénégation ne peuvent arranger une situation complexe. Cherchons plutôt à rectifier ce qui peut l'être, avec volontarisme !