Ce vendredi, 1er Septembre 2017, la Cour Suprême du Kenya, saisie par l'opposition, a pris une décision historique en invalidant – pour cause d'irrégularités – le résultat de l'élection présidentielle du 8 Août dernier qui avait reconduit à la magistrature suprême du pays le président sortant Uhuru Kenyatta. Appelés à déclarer si l'élection présidentielle s'est déroulée en accord avec la Constitution kényane, les juges ont, dans leur majorité, répondu par la négative et rendu du coup nuls et non avenus les résultats initialement proclamés. «La grandeur d'une nation réside dans sa fidélité à la Constitution, dans le strict respect de la loi et, surtout, dans la crainte de Dieu» dira David Maraga, le juge-en-chef, avant d'ajouter que le président sortant «n'a pas été élu et déclaré président de manière valide». Ainsi, selon la Cour Suprême, des «irrégularités» auraient été commises et ces dernières auraient donc « compromis l'intégrité de l'élection du Président de la République » ; une élection remportée par le candidat sortant avec 54,27 % des suffrages exprimés contre 44,74% pour son rival Raila Odinga soit avec 1,4 millions de voix d'écart. Dès l'annonce des résultats, le 11 Août dernier, des émeutes ont éclatées notamment dans les bidonvilles de Nairobi et dans certaines localités de l'Ouest du pays. Violemment réprimées par la police ces échauffourées se soldèrent par la mort d'au moins 21 personnes dont un bébé et une fillette de neuf ans ; un niveau de violence bien inférieur, néanmoins, à celui enregistré lors des élections de 2007/2008 qui avaient fait plus de 1.100 morts. Contestant devant la Cour Suprême du pays les résultats de l'élection du 8 Août dernier, les avocats de l'opposition ont apporté des preuves attestant que le processus de compilation et de vérification des résultats avait été marqué par des erreurs et par des incohérences «délibérées» dont le but évident était de favoriser le président sortant et de nuire au candidat de l'opposition. S'étant donc rangée du côté de l'opposition, la Cour Suprême du Kenya a alors ordonné la tenue d'une nouvelle élection présidentielle dans un délai maximum de soixante jours.