En réponse à la fusillade qui avait coûté, le 14 Juillet dernier, la vie à deux policiers israéliens à proximité de l'esplanade des mosquées, Israël qui a estimé être en droit de se comporter en seul et unique maître des lieux a décidé, deux jours après, d'installer des portiques comportant des détecteurs de métaux dans les différents accès menant au site. Mais cette mesure a été vigoureusement dénoncée par les palestiniens qui y voient l'instauration, par l'administration israélienne, de nouvelles mesures de répression; ce qui fait dire à Ofer Zalzberg, analyste de l'organisation International Crisis Group, qu'Israël «devrait trouver un nouveau mode de décision en commun avec les représentants du Waqf (entité administrative chargée de la gestion des lieux saints musulmans de la ville d'Al Qods) en liaison avec les imams locaux à Jérusalem-Est». Faisant, toutefois, la sourde-oreille aux protestations des palestiniens et de la communauté internationale, l'Etat juif a décidé, ce vendredi, de déployer quelques 3.000 policiers pour interdire aux musulmans âgés de moins de 50 ans d'accéder à l'esplanade des Mosquées; ce qui a poussé le Waqf à déclarer, dans un communiqué, qu'il rejetait toute nouvelle mesure de sécurité sur l'Esplanade des mosquées car en visant une extension de la souveraineté d'Israël, cette disposition remet en cause le statu quo en vigueur depuis plusieurs décennies qui permettait aux musulmans d'accéder au site à toute heure de la journée pour y prier alors que les juifs ne pouvaient y pénétrer qu'à certaines heures et n'avaient pas le droit d'y prier. Autant dire qu'en cherchant à remettre en cause une situation dûment acceptée par les deux parties et validée par la communauté internationale, Tel Aviv a choisi, encore une fois, d'attiser les heurts entre les manifestants et les forces israéliennes et d'ajouter de l'huile sur un feu prompt à ravager la région. Soucieux d'enrayer cette violence, la France, la Suède et l'Egypte ont, alors, appelé à une réunion d'urgence ce lundi du Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations-Unies «pour parler urgemment de la façon dont les appels à la désescalade peuvent être soutenus» selon Carl Skau, l'ambassadeur de la Suède auprès des Nations-Unies. Pour Nickolay Mladenov, l'émissaire de l'O.N.U. chargé du Proche-Orient, «il est extrêmement important qu'une solution soit trouvée à la crise actuelle d'ici vendredi de cette semaine... (car) ... les dangers vont aller en augmentant si nous passons un autre cycle de prière du vendredi sans solution à la crise». Et celui-ci d'ajouter que cette crise pourrait avoir «un coût catastrophique bien au-delà d'Israël, de la Palestine et du Moyen-Orient». Saluant la réunion du Conseil de Sécurité, l'Association France-Palestine qui a espéré que les positions défendues et les décisions prises «seront à la hauteur des enjeux » a indiqué qu'il «ne faut pas se tromper sur la nature du problème» car l'Esplanade des Mosquées «est le symbole de la Palestine pour tous les Palestiniens systématiquement dépossédés de leurs droits et de leurs terres par l'Etat d'Israël». Ainsi, les protestations palestiniennes n'auront pas été vaines puisque tard dans la nuit de lundi à mardi, l'administration israélienne a fait marche arrière et annoncé qu'elle renonçait à l'installation desdits portiques. Mais si, en agissant ainsi, le gouvernement israélien bat en retraite du fait de la pression internationale, il reste sûr, cependant, qu'il ne renoncera pas à l'utilisation d'autres moyens de contrôles mais qu'il usera de procédés beaucoup moins visibles que ces portiques de la discorde; à savoir, des caméras de surveillance. Disons, enfin, pour terminer que si le retrait desdits portiques n'implique pas automatiquement le nécessaire retour au calme, il n'en demeure pas moins vrai qu'il reste une condition incontournable qui oblige l'entité sioniste à renoncer à remettre en cause le statut de la ville car «au-delà de son enjeu symbolique et religieux», cette crise a rappelé au monde entier la colère et les frustrations d'une population soumise depuis plusieurs décennies, au joug d'une odieuse occupation.