Al Quods entame une nouvelle journée à hauts risques, ce jeudi, au lendemain d'une des pires flambées de violence qu'elle ait connues récemment. Les ultras juifs ont appelé à manifester en fin d'après-midi en direction de l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, où ils revendiquent le droit de prier. Les affrontements s'étaient poursuivis par intermittence, mercredi soir, entre Palestiniens et policiers israéliens à Al Quods, partie arabe de la ville occupée et annexé par Israël en proie à des violences depuis plusieurs semaines. La journée avait notamment été marquée par deux attaques palestinienne à la voiture bélier. Vers 21 heures, un chauffeur palestinien a foncé sur un groupe de soldats israéliens en Cisjordanie occupée, blessant trois d'entre eux. Sur son compte Twitter, le lieutenant colonel Peter Lerner, porte-parole de l'armée, affirmait dans la nuit que ces blessures étaient «modérées et légères». Selon un communiqué de la police, les soldats ont été heurtés par un véhicule portant une plaque minéralogique palestinienne alors qu'ils montaient la garde à l'extérieur du camp de réfugiés palestiniens d'El-Arub, au sud de Bethléem. Le chauffeur palestinien a réussi à prendre la fuite. Il était activement recherché. Une attaque similaire à Al Quods Dans la matinée, à Al Quods, une autre attaque à la voiture bélier commise par un Palestinien de 38 ans, Ibrahim al-Akari, a tué un policier israélien et fait neuf blessés. L'assaillant a percuté avec son van un groupe de policiers, avant de faucher des piétons sur une artère séparant Jérusalem-Ouest et Jérusalem-Est, puis de sortir de son véhicule pour attaquer les passants avec une barre de fer, selon la police qui l'a immédiatement abattu. Sans revendiquer l'attentat, le mouvement islamiste Hamas s'en est félicité, assurant que son auteur était l'un de ses membres. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a vu dans cette attaque «la conséquence directe des agissements (du président palestinien Mahmoud Abbas) et de ses partenaires du Hamas qui excitent les esprits». Une attaque similaire avait été perpétrée il y a deux semaines non loin de là, tuant un bébé israélo-américain et une Equatorienne. L'auteur avait aussi été tué. A l'étranger, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a condamné un attentat «terroriste» qui attise les tensions, alors que la nouvelle chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a estimé qu'il était «la preuve douloureuse de la nécessité de faire de sérieux efforts en vue d'un processus de paix durable». Des affrontements jusque dans la mosquée Al-Aqsa Mercredi matin également, des affrontements entre jeunes Palestiniens et policiers israéliens ont éclaté sur l'esplanade des mosquées, après la visite d'une centaine d'extrémistes juifs. Quand la porte des Maghrébins, par laquelle passent les non-musulmans, s'est ouverte, des manifestants masqués ont lancé des pierres et des pétards sur les policiers israéliens venus pour protéger le groupe, selon la police. Les policiers ont pénétré sur l'esplanade et repoussé les Palestiniens à l'intérieur de la mosquée Al-Aqsa, selon des témoins. Fait exceptionnel, ils sont entrés dans la très vénérée mosquée où des tapis calcinés témoignaient de début d'incendies provoqués par leurs grenades. Selon un employé du Croissant rouge palestinien, 39 personnes ont été blessées. Cette incursion a été ressentie comme une grave provocation. La Turquie a dénoncé «un véritable acte de barbarie» et la Jordanie, qui gère l'esplanade des Mosquées, a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv. Les heurts se sont ensuite propagés aux alentours immédiats de l'esplanade dans la Vieille ville, transformé en camp retranché. A plusieurs reprises, les policiers ont tiré gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes et projectiles en caoutchouc pour éloigner les groupes attroupés aux portes de l'esplanade. La Jordanie saisit l'Onu et rappelle son ambassadeur en Israël La Jordanie a ordonné mercredi le rappel de son ambassadeur en Israël pour protester contre ce qu'elle qualifie de «violations» israéliennes des lieux saints d' Al Quods, rapporte l'agence officielle de presse jordanienne. Amman va également saisir le Conseil de sécurité des Nations unies. La décision, a expliqué un porte-parole du gouvernement jordanien, a été prise au vu de «l'escalade sans précédent» des autorités israéliennes concernant l'esplanade des Mosquées, ou Mont du Temple pour les juifs, dans la vieille ville de Jérusalem-Est. Ce site, qui abrite le dôme du Rocher et la mosquée Al Aqsa, est le troisième lieu saint de l'islam après La Mecque et Médine, en Arabie saoudite. Il est administré par le Waqf, une fondation religieuse contrôlée par la Jordanie. Ancien site des deux Temples juifs, il est aussi le principal lieu saint du judaïsme. Les tensions se sont accrues ces derniers jours et les autorités israéliennes ont temporairement ordonné sa fermeture la semaine dernière.