La vie politique marocaine est en pleine décadence! Nul ne pourrait occulter cet amer constat, depuis que le rapport de forces s'est foncièrement effiloché pour mettre «à tabac» ce qu'on peut toujours appeler l'harmonie des antagonismes. Pourtant, vers le milieu des années 90, on se mettait à nourrir une réelle volonté d'asseoir, de concert, les fondements de notre propre démocratie tous azimuts, pour un Maroc longuement miné par les affronts intestins. On s'est rapidement passé des cloisons pour enfanter, dans la synergie, les embryons de l'Alternance et assurer, par la suite, les conditions de la Transition. En dépit de certaines frictions de leadership des deux ténors du mouvement historique, tout semblait aller pour le mieux en vue d'entamer les réformes structurelles, après plus de quatre décennies d'inertie et de déficit. L'élan démocratique prenait forme dans nombre de compartiments de la vie publique, à une bonne cadence, malgré les contraintes et les résistances. Dès avancées notoires s'accentuent au grand jour, faisant progressivement placer notre pays dans la cour des nations émergentes. Cet entrain qui reposait, avant tout, sur le piédestal de la réconciliation, s'étendait alors sur les autres leviers de l'éclosion nationale. Mais, au fil du temps, au moment où on devait passer à la vitesse supérieure, dans le même esprit fondateur, la nostalgie de la trahison refait surface et assène des coups bas à cette impulsion salutaire. Au fur et à mesure, on se lançait à la résiliation de l'ancien pacte consensuel pour tenter de confier tout le monopole à un nouvel «allié» dont le ramassis hybride affectait tout le champ politique national. C'est alors que, depuis plus d'une décennie, le spectre de l'ingérence dans le principe de l'autonomie partisane et de la maîtrise à distance du paysage politique, planait sans cesse dans le ciel institutionnel. La pause dictée par les soulèvements du printemps démocratique en 2011, révélait, par la suite, son caractère de soupape de sécurité passager. L'orage apaisé, on reprend le même exercice hégémonique d'effritement de la scène politique nationale. Aujourd'hui encore, l'indépendance d'action des partis et leur médiation sociétale sont quasiment altérées par cette horrible immixtion qui ne cesse de s'amplifier. L'affaiblissement de l'action politique, à travers des intimidations et des menaces ouvertes, est telle que l'opinion publique perd visiblement confiance en la nature et la capacité des entités politiques de réagir, d'encadrer et d'affronter. La désagrégation du camp démocratique et progressiste qui devait, en principe, faire face à ce retour infernal au totalitarisme révolu, rendait aisé cet accaparement préjudiciable. La tromperie est si aveugle qu'on ne peut mesurer le danger d'une telle situation dysfonctionnelle, aussi bien périlleuse pour le Pouvoir que le Peuple, qui pourrait compromettre toute une construction nationale à laquelle prenaient part des partis légitimes sérieux et civiques, au côté de la monarchie édifiante. On ne peut donc soumettre le dessein d'une grande nation pluraliste et prestigieuse telle que la nôtre à la dérive…