Où vont les révolutions du printemps arabe ? La place cairote «Attahrir» grouille encore de manifestants pour un combat d'affirmation sans merci. Toutes les constituantes du paysage politique égyptien affûtent et dégainent leurs armes les plus aiguisées afin de conquérir le pouvoir, longtemps monopolisé par le dictateur déchu. On s'en prend avec acharnement au despote qui, au bout de plus de huit décennies, se voit enfiler la corde fatale, sous les réclamations insistantes de la rue. L'ancienne opposition monte au créneau, à l'image des frères musulmans qui sortent de leurs tanières pour revendiquer la légitimité religieuse. L'Egypte est donc au bord du modèle iranien, où le leader s'accaparait les commandes après que le peuple ait sacrifié toute sa vie pour détrôner le Chah. «Oum Addounia», va-t-elle connaître le même sort avec cette ruée islamiste en avalanche ? Il est vraiment dommage que le peuple égyptien ait caracolé au summum de la révolte contre la tyrannie pour offrir sur un plat d'or toutes ces abnégations altruistes à l'obscurantisme ! C'est en fait comme dit l'adage grec, éviter scylla pour tomber sur Charybde ! Qu'en est-il en Tunisie, après la révolution du jasmin ? Là aussi, après une explosion légendaire de tout un peuple, longtemps opprimé et réprimé, le dictateur s'en va sans demander son reste. Des négociations sans limites s'instaurent pour gérer la nouvelle donne. Ce n'est pas plus facile que cela. On trouve du mal à sortir du bout du tunnel, avec ce déferlement des «libertés», bafouées des années durant. Les anciens opposants de tous bords s'impliquent dans la gestion des affaires publiques. Rien de plus rassurant dans cet amalgame qui ne cesse de se compliquer, avec les voracités de plus en plus béates. La Syrie et la Libye affrontent, dans le sang et le feu, les sanguinaires arabes qui refusent de se rendre à l'évidence. Kadhafi semble emprunter la fameuse citation, «après moi le déluge» et s'érige en véritable Néron, prêt à démolir «Rome/Tripoli» s'il s'avère totalement battu. D'autres tyrans arabes dissimulent leurs forfaits par des offrandes calmantes et des soupapes étrangères. Pendant ce temps, l'exception marocaine poursuit, dans la quiétude et sérénité, sa révolution tranquille. Entamée depuis l'aube de l'ultime décade du siècle écoulé, la révolution marocaine s'est attaquée aux réformes à plus d'un titre, après des années de déchéances marquées également par un totalitarisme effréné. Au fil du temps, la révolution marocaine s'instaure et se profile davantage avec la transition qui impulse et revigore tous les crédos de la nouvelle ère. On se lance alors à la mise en avant des grands travaux, et des politiques publiques, tout en prônant la réconciliation avec son passé lugubre et la mise en marche des systèmes institutionnels. Aujourd'hui, en plein éclatement de la rue arabe, notre nation met en place une nouvelle Constitution avancée, plébiscitée dans l'allégresse. Le souverain vient de claironner “le nouveau contrat politique” et “la nouvelle génération des réformes”. N'est-on pas là exactement devant le contenu et le concept brandis par le PPS, ces derniers temps, après la déroute politique des dernières échéances électorales? C'est en somme les propos d'une approche révolutionnaire et résolument tournée vers la construction d'une nation démocratique, moderniste et solidaire. Du pain sur la planche certes, afin de matérialiser toutes ces intentions pour lesquelles la monarchie et le peuple nourrit leurs espoirs d'un Maroc digne, libre et prospère. Nonobstant, à la différence des révolutions arabes aux desseins disparates, celle du Maroc se repose, avant tout, sur les valeurs de la stabilité, la fidélité et surtout la pondération. Ces socles qui définissent, en effet, l'exception marocaine, devrait, néanmoins, être accompagnés organiquement des volontés certaines de proscrire à jamais les séquelles de la dépravation, de la fraude électorale, de l'impunité, de la corruption…qui rongent encore le tissu développemental national et qui sont continuellement arborées par les intouchables des hautes sphères de l'Etat de quelques lobbys que se soient. Le Maroc, tout auréolé par sa nouvelle mouture constitutionnelle, aura donc à rompre irrévocablement avec toutes ces manies nocives qui le tirent encore vers l'arrière.