Apparue en 1948, la Peugeot 203 est un véhicule de tourisme disponible en plusieurs versions (cabriolet, coupé, ou utilitaires). Avec son look de petite américaine, la 203 jouit d'une ligne des plus réussies. Symbole de la renaissance de la firme de Sochaux, la 203 est le seul modèle commercialisé par le constructeur français Peugeot entre 1949 et 1954. La Peugeot 203 a été présentée officiellement au grand public à Paris, lors du salon de 1948. Sa fabrication commence quelques semaines plus tard pour s'achever 12 ans après, le 26 février 1960. L'usine est organisée pour une production journalière de 300 véhicules, mais la limitation des attributions des matières premières ne permet que d'atteindre 100 unités quotidiennes, en avril 1949. On arrive à 200 véhicules par jour, au début 1950. Au total, plus de 685 000 exemplaires, toutes versions confondues, sortent des chaines de Peugeot. Avec son look de petite américaine, la 203 jouit d'une ligne des plus réussies. Sa forme bi-corps et sa poupe fast back évoquent, en particulier, les séduisantes conduites intérieures américaines de la General Motors. Elle adopte ainsi une ligne plus classique que celle de la génération 202 qui, dans les années 1930, s'inspirait de la Chrysler Airflow. La ligne générale de la 203 n'évolue pratiquement pas durant les 12 ans de production. Seuls quelques détails esthétiques particularisent les différents millésimes, tandis que les portes avant s'ouvrent vers l'arrière jusqu'au terme de la carrière de la voiture. Sobre et dépouillé, l'habitacle offre un confort assez rustique ; il bénéficie cependant d'un chauffage efficace. Le tableau de bord est redessiné pour le salon 1952, après que les sièges avant ont perdu, en 1950, leur dossier tubulaire, assez dangereux pour les enfants assis à l'arrière. La 203 est la première voiture française produite en série équipée de sièges couchettes. 98 % des berlines 203 sont équipées du toit ouvrant de série. Dotée d'une surface vitrée plus importante que les précédents modèles, la 203 est jugée claire et lumineuse par rapport à la production de l'époque, notamment la sombre Traction Avant. Motorisation Ce moteur moderne consomme peu d'essence (7,5 à 9 litres), grâce à sa conception, mais aussi à l'emploi d'une boîte de vitesses avec une 4e surmultipliée, qui permet à la 203 de rouler à plus de 115 km/h, à un régime relativement bas. Grâce à sa culasse en Alpax, qui permet de réaliser de bons échanges thermiques et qui autorise pratiquement de toujours rouler au régime maximum du moteur, les résultats obtenus par les préparateurs prouvent que la 203 reste bien en dessous des possibilités multiples de son moteur. Ce moteur poursuit sa carrière en version 54 ch jusqu'en 1966, sur la 403-7 avec 201 705 exemplaires supplémentaires. La boîte de vitesses ne mérite pas les éloges du moteur. Peugeot rencontre des difficultés pour doter sa 203 d'une boîte correcte. Cette dernière est en effet des plus capricieuses, refusant parfois de passer d'une vitesse à l'autre quand le climat lui déplaît4. La deuxième vitesse est trop courte et, afin d'abaisser le régime moteur par souci d'économie d'essence, le bureau d'études fait le choix d'une quatrième surmultipliée. La boîte et le moteur y gagnent en durée de vie, mais y perdent, surtout en nervosité. On peut y ajouter la médiocre maniabilité (aujourd'hui) du levier au volant et la faiblesse de synchronisation des vitesses (ramenée dans le contexte de l'époque) entraînant des craquements (défaut corrigé en 1955 avec l'adoption de la boîte C2 de la future 403). Une gamme variée de 203 Les versions tourisme de la 203 (berline, berline découvrable, cabriolet et coupé) sont établies sur 2,58 m d'empattement, avec une suspension arrière par ressorts hélicoïdaux, d'abord sous l'appellation « 203 », puis sous celle de «203 C» (septembre 1954, boite de vitesses entièrement synchronisée). La gamme berline est composée d'une « berline Luxe» (dotée d'un toit ouvrant et d'un chauffage-dégivrage) et d'une « berline Affaires» (beaucoup plus dépouillée) qui disparaît en 1958. En 1956, la «berline Luxe Simple» apparaît sans toit ouvrant. Un an après les débuts de la 203, la berline découvrable voit le jour au Salon de Paris de 1949. Commercialisée en finition Luxe, elle bénéficie de sièges en cuir, à partir de septembre 1950. Elégante, la voiture n'en a pas moins une carrière courte, qui s'achève fin 1954, alors que le cabriolet se maintient au catalogue jusqu'en 1956. Malgré cette fin précoce, la 203 n'en reste pas moins la plus diffusée des berlines découvrables françaises, avec une production de 11 514 exemplaires. Un chiffre honorable, si on le compare aux 25 218 familiales construites. En l'absence de version découvrable de l'Aronde, la 203 se trouve sans réelle concurrence dans sa catégorie. Le cabriolet 203 est présenté au Salon de Paris de 1951, à cause d'une gestation différée par rapport à la berline. Ce cabriolet a un équipement supérieur, dont une sellerie cuir, à trois coloris (noir, bleu ou rouge). En octobre 1954, il prend l'appellation de Grand Luxe, un titre justifié par une finition encore améliorée. La grille de calandre incorpore des phares antibrouillard, tandis que les ailes sont décorées de sabots chromés. Divers aménagements complètent la présentation : volant spécifique, montre électrique, double pare-soleil, pneus à flanc blanc, etc. Finalement, le cabriolet 203 est construit à 2 567 exemplaires jusqu'en octobre 1956, où il cède la place à son homologue de la gamme 403. Un an après l'apparition du cabriolet, soit au salon de 1952, est lancé le coupé, qui achève de compléter la gamme 203. Malheureusement, sa ligne est peu réussie par la faute d'un pavillon assez maladroitement dessiné, trop haut et trop court. Accueilli fraîchement par la clientèle, il ne répond pas aux attentes de Peugeot et disparaît du catalogue en 1954. C'est la version la moins produite de la gamme 203, avec seulement 953 exemplaires. Véritable icône roulante des années 1950 aux côtés de la 4 CV et de la 2 CV, la 203 apporte sa contribution au processus de motorisation de masse de la France d'après-guerre, et est même, notamment avec sa structure monocoque, la seule voiture moderne de classe moyenne jusqu'à l'apparition de la Simca Aronde. Moderne et fiable, tels sont les deux qualificatifs qui caractérisent parfaitement la 203, en même temps qu'ils expliquent son succès légitime. Sa réputation de voiture increvable lui vaut une forte fidélisation de la clientèle à travers le monde, ainsi que le titre de championne de la côte sur le marché de l'occasion. La conception saine et logique de la 203 permet à Peugeot d'en extrapoler d'abord la 403, puis dans une certaine mesure, la 404.