La journée internationale des femmes, qui coïncide avec le 8 mars, constitue l'occasion de s'arrêter sur les acquis réalisés qu'il faut préserver et élargir et de mettre le doigt sur les insuffisances et les obstacles qui entravent l'accès des femmes à leurs droits fondamentaux garantis par les dispositions de la Constitution de 2011. A cette occasion, nous saluons au Parti du progrès et du socialisme toutes les femmes marocaines à l'intérieur du pays et à l'extérieur quelles que soient leurs positions et catégories. Nous saluons l'ensemble de leurs luttes pour leurs droits comme nous saluons les combats et luttes des femmes à travers le monde pour l'égalité, contre la discrimination et la violence sous ses formes et contre les reculs visant leurs droits acquis, en particulier les droits économiques, civils et sociaux. Dans notre pays, la journée internationale des femmes survient dans une situation marquée par le renouvellement des structures de la chambre des représentants, à l'issue des élections du 7 octobre dernier. Tout en renouvelant nos félicitations à nos camarades élues et à toutes les députées élues ainsi qu'à celles ayant obtenu des responsabilités au sein des structures de la Chambre, nous les appelons à intensifier leur action pour la préservation et l'extension des acquis accumulés au niveau du Parlement. Le parachèvement des institutions passe à travers la formation du gouvernement qui trébuche encore, ce qui requiert de la part des partenaires politiques de s'élever au niveau des défis posés et d'activer la formation du gouvernement sur la base : – D'une structure gouvernementale performante qui met la représentation des femmes au cœur des consultations et non pas à la fin, étant donné que la démocratie est un tout indivisible et qu'il n'y a pas de hiérarchie dans les droits, – D'un programme gouvernemental qui fait de l'égalité et de la lutte contre la discrimination un principe transversal de toutes les politiques publiques, accompagné de dispositions dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la constitution de 2011 et de la poursuite du processus réformiste pour la construction du Maroc démocratique, développé et fondé sur l'égalité et la justice sociale, – La loi organique des finances doit prévoir, comme c'est le cas tous les ans, des dispositions concernant l'intégration de l'approche genre qui soulève le défi de sa mise en œuvre aux niveaux général et sectoriel, – L'intégration d'un axe concernant l'approche genre dans le cadre de la charte de réforme de la justice et qui nécessite sa traduction à travers toutes les réformes qui touchent les composantes de la justice et en particulier le niveau législatif, – L'adoption de la loi des travailleurs domestiques qui fixe l'âge de leur emploi à 18 ans et qui prévoit plusieurs dispositions de protection de la catégorie des travailleuses et travailleurs domestiques et de la loi d'interdiction de la traite des êtres humains, – L'intégration de dispositions partielles au niveau des lois organiques relatives aux échéances électorales outre certaines dispositions comme la création d'un fonds de soutien des enfants des veuves et d'un fonds de Takafoul familial. Toutes ces réformes et d'autres et auxquelles notre parti a activement participé pour qu'elles voient le jour et que nous avions appréciées en leur temps, n'ont pas été menées à leur terme et n'ont pas été à la hauteur des Marocaines pour ce qui est de nombreux engagements : – Le protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) a été adopté, alors que le dépôt des instruments de ratification auprès du secrétaire général de l'ONU pour son application n'a pas été terminé, – La loi relative à la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles n'a pas été adoptée, – La loi de l'Autorité de la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination n'a pas été adoptée, – Le code pénal n'a pas fait l'objet d'une révision globale qui fait de l'égalité et de l'élimination de la discrimination des principes structurants de ses dispositions, – Il a été procédé à la prolongation de la mise en œuvre de l'article 16 du code de la famille qui permet le mariage des mineures et la polygamie. Le plan national de l'égalité, que nous considérons comme positif en tant que cadre gouvernemental des politiques publiques en matière d'égalité, n'a pas été au niveau d'un cadre de concertation, qui réalise la convergence des politiques publiques et leur accompagnement par des mesures et dispositions de lutte contre la discrimination contre les femmes et garantit l'accès aux droits sociaux, économiques, politiques et civils. Sur un autre plan, les rapports internationaux et nationaux présentés par les institutions nationales et les associations ont montré, qu'en dépit des efforts, la scolarisation des filles est faible en milieu rural et l'accès des femmes à l'emploi régresse. Ils insistent aussi sur les grandes disparités dans les salaires ainsi qu'en matière de la couverture sanitaire et sociale, ce qui expose les travailleuses à la précarité, alors que leur présence au niveau des représentants des salariés et leur accès aux centres de décision restent très faible.Sans oublier le fait que la faiblesse des dispositions visant à encourager l'emploi et le manque de valorisation du travail informel et de l'économie de rente que les femmes assurent aux membres de leurs familles contribuent à l'aggravation du chômage, de la vulnérabilité et de la pauvreté des femmes. Seule la promotion des droits des femmes et de l'égalité homme-femme ainsi que la pleine citoyenneté de la femme outre l'élimination de la discrimination contre les femmes sont à même d'assurer le progrès et le développement économique, social, politique et culturel de la société toute entière.$Le parti du progrès et du socialisme souligne que la protection et la promotion des droits et de la situation des femmes doivent être réalisées conformément à une approche des droits de l'Homme intégrée et non pas une approche de bienfaisance parcellaire. C'est ainsi qu'il faut noter que les tâches qui incombent aujourd'hui à notre parti et à toutes les forces convaincues du principe de l'égalité homme-femme, alors qu'on est à la veille de la formation du gouvernement, requiert des engagements politiques, institutionnels et financiers dont les plus importants sont : – Une forte volonté politique de la part de tous les partenaires pour la mise en œuvre des dispositions de la Constitution relatives à l'égalité et l'élimination de toutes les formes de discrimination, – L'insertion des engagements dans un plan assorti de dispositions et d'indications d'évaluation, – L'élaboration d'une loi sur l'égalité qui oblige tous les partenaires à traduire les grandes orientations inspirées des dispositions et de l'esprit de la Constitution, – La poursuite des chantiers concernant légalité et la non- discrimination et en particulier : 1- La promulgation de la loi concernant l'Autorité de la Parité et de la lutte contre toutes les formes de discrimination, prévue dans l'article 19 de la Constitution, 2- L'adoption de la loi de lutte contre la violence faite aux femmes dans les plus brefs délais, tout en procédant à la révision de son contenu conformément à l'esprit de la constitution et aux conventions internationales 3- L'extension de la pratique de la discrimination positive et la prise des dispositions administratives et des mesures pratiques pour la réduction des disparités, la promotion des femmes politiquement, économiquement, socialement et culturellement et la réalisation de l'égalité effective à travers des politiques publiques dans tous les domaines dont l'éducation et l'enseignement à travers le respect du droit des jeunes filles à la scolarisation et à l'enseignement obligatoire et d'autres droits élémentaires. 4- La prise de toutes les dispositions susceptibles d'aider à la diffusion et la propagation de la culture de l'égalité et de la non-discrimination pour le sexe outre l'éducation aux droits de l'Homme au niveau de l'école et des médias, 5- L'accélération de la mise en œuvre des dispositions des lois organiques au niveau des instances territoriales et spatiales pour que les programmes et les projets répondent à l'approche genre social et contribuent à la lutte contre la discrimination, la violence et l'inégalité. Au PPS, nous soulignons que la voie vers l'égalité est un processus qui requiert la poursuite de la haute vigilance et de la mobilisation de l'ensemble des avocates et avocats de l'égalité qui doivent être présents sur tous les fronts. Le Bureau politique appelle tous les militantes et militants à s'impliquer fortement dans la promotion de l'égalité et de l'élimination de la discrimination à travers toutes les activités, et en particulier dans le cadre du plan Tajaddor qui constitue un cadre organisationnel qui permet l'intégration de l'égalité de manière transversale.