Le film marocain “Mort à vendre” de Faouzi Bensaidi a remporté, samedi soir, le Grand Prix de la 18ème édition du Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan, tenue du 24 au 31 mars sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI. Le film a remporté la palme du Festival dans la catégorie long-métrage, lors d'une cérémonie de clôture haute en couleurs qui s'est déroulée en présence d'un public exalté, de plusieurs centaines d'invités et d'une pléiade d'artistes et de réalisateurs d'ici et d'ailleurs. Le film italien “Io sono L?” (Je suis ici), d'Andrea Segre a raflé, pour sa part, les Prix Azeddine Meddour de première œuvre et le Prix de la meilleure interprétation masculine décerné à l'acteur Rade Serbedzija, alors que le Prix Mohamed Reggab (Prix spécial du jury) est revenu à “L'Ennemi” du Serbe Dejan Zecevic. “Les mains rudes” du marocain Mohamed Asli a été doublement consacré du Prix du public et du Prix de meilleure interprétation féminine attribué à Houda Rihani. Dans la catégorie court métrage, le Grand Prix de la ville de Tétouan est revenu à “Mkhabbi fi kobba”, une production franco-tunisienne de Leila Bouzid. Le Prix spécial du jury et le Prix de l'innovation ont été respectivement attribués à “Apele tac”, un film germano-roumain d'Anca Miruna Lazarescu et à “Sur la route du paradis” de la réalisatrice Franco-marocaine Uda Benyamina. Par ailleurs, “My land” de Nabil Ayouch a remporté le Grand Prix de la ville de Tétouan pour les films documentaires. “Fellaga” du Tunsien Rafik Omrani et “Fuego sobre el Marmara” (Feu sur Marmara) de l'Espagnol David Segarra ont été également primés respectivement du Prix de première ouvre et du Prix du jury. La cérémonie de clôture a été également marquée par l'hommage rendu à trois vedettes du 7ème art incarnant trois générations différentes, à savoir le Marocain Mohamed Majd, l'Egyptien Karim Abdelaziz et le Tunisien Hicham Rostom. C'est l'Américain Peter Scarlet, directeur du Festival du film d'Abou Dhabi, qui a présidé le jury long métrage, alors que le réalisateur marocain Noureddine Lakhmari et l'Espagnol Antonio Delgado, directeur du Festival du film documentaire de Madrid, ont été placés respectivement en tête du jury des courts métrages et du film documentaire. Cette 18ème édition a mis en compétition une quarantaine de films de 17 pays du monde qui se disputaient les 12 prix du Festival, toutes catégories confondues, dotés de 390.000 DH, sans compter les autres films projetés hors compétition. Parallèlement aux projections, des hommages ont été rendus à plusieurs figures du cinéma méditerranéen, notamment l'actrice française Sandrine Bonnaire, la réalisatrice espagnole Iciar Bollain, le réalisateur italien Daniele Luchetti et le réalisateur tétouanais Mohamed Ismail. Le Festival a été aussi un intense moment d'échange et de débats sur des thèmes de grande actualité tels que “les prémices du printemps cinématographique arabe”, “le cinéma à l'ère du numérique” et “l'image de la ville de Tétouan et de sa région dans le cinéma marocain”. Les organisateurs ont choisi cette année de mettre à l'honneur les cinémas des pays du Printemps arabe, notamment le cinéma syrien, à laquelle a été dédiée une bonne partie des projections et des débats. Le cinéma tunisien recouvre sa liberté d'expression Un grand vent de liberté a soufflé sur le cinéma tunisien qui est en train de devenir un moyen d'expression à part entière après la révolution du 14 janvier, a affirmé, vendredi à Rabat, le célèbre acteur tunisien Hicham Rostom. Cette liberté est perceptible dans la dynamique sans précédent qu'a connue l'industrie du cinéma au lendemain de la chute de l'ancien régime, en témoigne la production d'une cinquantaine d'œuvres cinématographique en l'espace d'un an, ce qui représente un record d'après l'artiste, qui intervenait lors d'une rencontre en marge de la 18ème édition du Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan, ayant pour thème trois stars, trois générations dans le monde arabe . Au cours de cette rencontre avec un public en effervescence, dont Hicham Rostom et les artistes marocain Mohamed Majd et égyptien Karim Abdelaziz ont été les vedettes incontestables, l'acteur tunisien, une figure de proue du paysage cinématographique de son pays, a dit avoir constaté une plus grande facilité de tournage dans les rues de la Tunisie, faisant état d'une nouvelle forme d'écriture cinématographique, plus émancipée et plus à l'écoute de la société. Une nouvelle génération d'acteurs, de réalisateurs et de scénaristes perce dans la Tunisie d'aujourd'hui, avec des outils, un langage cinématographique et des thèmes tout à fait inhabituels, a-t-il fait observer. Le revers de la médaille, renchérit Hicham Rostom, c'est que les salles de cinéma restent mal équipées et complètement en déphasage avec l'ère des nouvelles technologies, un handicap auquel l'acteur ajoute l'absence de presse cinématographique professionnelle. Abordant l'impact du climat d'instabilité politique sur l'industrie du cinéma dans son pays, l'Egyptien Karim Abdelaziz a indiqué que les salles du cinéma ont considérablement pâti du manque de sécurité dans les rues, mais que la situation est en train de revenir petit à petit à la normale. De son côté, Mohamed Majd, tout en se disant honoré d'être présent physiquement et à travers ses films au festival de Tétouan, a regretté le fait que très peu de rôles cinématographiques lui soient proposées par des réalisateurs marocains et que, ceci étant, il collabore actuellement plus avec les étrangers. Le plus récent film marocain où il figure est “ Zéro “ de Noureddine Lakhmari, qui, malheureusement, n'est pas encore sorti dans les salles, a-t-il fait savoir. Hicham Rostom, né le 26 mai 1947 à La Marsa, a participé durant 20 ans à une soixantaine de pièces de théâtre et joué dans une dizaine de films tunisiens et étrangers dont Les sabots en or, Le silence des palais et Paparazzi, mais il est surtout connu pour avoir tenu le premier rôle dans le film Essaida qui a eu un succès retentissant en Tunisie. Issu d'une famille de réalisateurs qui ont marqué le cinéma égyptien moderne de leurs empreintes indélébiles, Karim Abdelaziz, né au Caire en 1975, est une figure connue du cinéma des jeunes en Egypte. Parmi ses films les plus remarquables : “Edhaq essoura tetla'a helwa” avec Ahmed Zaki, “Ibn albacha”, “Kharij ala al kanoun” et “Oulad el am”. La septantaine épanouie, Mohamed Majd, natif de Casablanca en 1940, a fait ses débuts dans le domaine du théâtre et compte aujourd'hui à son actif plus de 80 films pour lesquels il a collaboré avec des grands noms du cinéma marocain et étranger. Son rôle dans Ali Zawa de Nabil Ayouch a particulièrement marqué les esprits.