Notre pays se dote d'une Constitution de haut niveau. Son architecture a fait l'objet d'une large concertation parmi toutes les constituantes de la société, à la lumière du discours royal du 9 mars. Une première dans les annales de la vie politique nationale ! Le Maroc a donc franchi une phase inédite dans son histoire contemporaine. Celle de réviser son document suprême avec synergie et sérénité, au moment où le torchon brûle dans nombre de nations arabes, au cœur du fer et du sang. Moult questions dont l'entame et le traitement paraissaient relever, dans un passé récent, de la complexité voire de la chimère sont désormais décortiquées et placées solennellement sur la scène du débat. Aujourd'hui, on ne peut qu'être fier de cette mutation profonde qui introduit la nation dans la cour des grands. Certes, les réformes multiformes qui se sont succédé, depuis la dernière décennie du millénaire écoulé, avec des hauts et des bas, ont logiquement balisé le chemin de la grande performance dont les déclics atomiseurs ont été enclenchés précipitamment avec les mouvements des jeunes ayant rallié les revendications incessantes des forces démocratiques pour l'instauration des principes de la dignité, la justice sociale, de la solidarité…Toutefois, ce que vit notre pays actuellement est assurément quelque chose qu'on ne peut réaliser qu'une fois redescendus du choc de l'enchantement hilare. Aussi bien l'instant de haute intensité que les teneurs jaillissantes de l'ébauche constitutionnelle laissent présager des lendemains meilleurs. Maintenant que la Constitution se taille un cachet des plus novateurs, il n'en demeure, en fin de compte, qu'un document sans aucun sens si on ne s'ingénie pas à en faire une âme vivante dont les multiples fibres entrent en vigueur avec rigueur, sans faille ni complaisance. Le premier test de la volonté de transformer les écrits en actes est incontestablement les échéances consultatives, juste après les démarches référendaires, à supposer, bien évidemment que les Marocaines et les Marocains auront accompli positivement leur devoir historique. Les prochaines législatives sont, en fait, un véritable examen pour donner à cette prouesse constitutionnelle tout l'impact et la valeur qui sont siennes. Si la constitution a changé, on se demande si les mentalités rétrogrades changeront ou les obligera-t-on à le faire ? Ce sont là les questions qui se posent avec beaucoup d'acuité, si l'on sait que les expériences précédentes ont foncièrement asphyxié le champ politique national, par la profusion de l'argent sale, l'intervention infâme des pouvoirs publics en faveur des lobbys, l'intrusion des illettrés et bonnets du trafic de drogue et du blanchiment de fonds…Toutes ces sangsues, reviendraient-elles à l'hémicycle sans pudeur et avec la bénédiction de l'Etat ? La présente constitution dit NON haut et fort. Il va falloir que toutes les forces vives de la nation le disent aussi, mais avec la réaction la plus énergique et la plus drastique, à commencer par l'application à la lettre de toutes les dispositions de la nouvelle constitution. C'est cela le plus beau feed back qu'on puisse donner à une si fabuleuse acquisition constitutionnelle et la plus cuisante raclée qu'on soit amené à administrer aux faussaires de la démocratie et aux fossoyeurs de l'éclosion.