C'est hier que les dépouilles mortelles des huit victimes françaises de l'attentat du restaurant Argana à la place Jamaa Lafna, ont quitté l'aéroport de Marrakech à destination de la capitale française. Le Président Nicolas Sarkozy tenait à rendre un dernier hommage à ces victimes. Le moment était plein d'émotion et de compassion à l'égard de ces personnes et leurs familles. Des victimes qui ont été fauchées par le fait d'un terrorisme aveugle qui cible tous les pays sans distinction. Les victimes françaises étaient venues visiter cette ville impériale, qui cristallise une histoire millénaire, à la recherche de moments de détente et de plaisir qu'offrent la générosité et l'hospitalité légendaires des Marocains. Le destin en a voulu autrement. Le sang de ces victimes françaises s'est mêlé à celui de nos compatriotes marocains sans que l'on puisse donner une explication intelligible à cette guerre inique que mène cet ennemi sans visage. Un ennemi d'une lâcheté qui n'a d'égal que la démesure de la violence qu'il sème parmi les innocents. L'unité du sort tragique des victimes qui tombent, sans discernement dans les quatre coins du monde, laisse ce ressenti d'injustice à l'égard de ceux qui commettent ces crimes immondes au nom de causes qu'eux seuls connaissent. Le monde entier est secoué et interpellé, toutes les fois que ce genre d'événements tragiques se produit, afin de trouver les moyens de mettre un terme à ce fléau macabre. Cependant, quelle que soit l'efficience des dispositifs de sécurité déployés ici et là, il est plus que certain qu'il n'y a pas de risque zéro. Le but ultime de ces professionnels du terrorisme, dont les méthodes s'apparentent à celles du fascisme, est de créer un climat d'instabilité et d'insécurité sans égal. Les enquêtes en cours permettront de déterminer les responsabilités exactes des commanditaires et des exécutants de cet attentat criminel. Ce sera une manière pour les familles des victimes de faire leur deuil à la suite de ce crime gratuit. L'annonce de la liquidation du Zaim d'Al Qaïda Oussama Ben Laden était venue nous rappeler ce forfait ignoble du restaurant Argana sur une place mythique, classée patrimoine oral universel. La mort de Ben Laden ne signifie pas la fin de ce monstre à têtes d'hydre, qu'est cette nébuleuse Al Qaïda. Nous devons être certains, néanmoins, que ce qui est visé ici c'est ce mode de vie fondé sur la modernité, le pluralisme, l'ouverture et la démocratie. Un ordre que les obscurantistes rêvent de détruire et de remplacer par un autre où règne un régime opaque fait de chaos et de régression. Or, nous l'avons constaté de manière systématique : l'optimisme de la nature humaine l'emporte sur tout le reste. Les personnes et les pays victimes du terrorisme, quel que soit l'impact psychologique des atrocités subies, arrivent toujours à se relever en faisant prévaloir le droit à la vie.