C'est bien de l'horreur qu'il s'agit. Ces actes abjects qui naissent dans les entrailles de la société, dans des ambiances glauques et obscures. De plus en plus les images des cas de maltraitance et de violence à l'encontre des enfants surtout les petites bonnes arrivent à la claire conscience de tous. Le tribunal de première instance de Aïn Chok à Casablanca vient de rendre son verdict dans l'affaire de cette petite bonne qui a, une année durant, subi les pires supplices de la main de ses employeurs … ces «citadins». Le verdict dans son énoncé prévoit un emprisonnement d'une année ferme pour la maîtresse de maison pour faits de violence assorti de 500 DH d'amende et 1 DH symbolique pour la partie civile (l'association INSAF, femmes et enfants en détresse). Le combat pour les petites bonnes est déjà bien engagé à plusieurs niveaux. Il y a toutes les institutions publiques, notamment le ministère du développement social, de la famille et de la solidarité (porteur d'un projet de loi sur le sujet), les associations et les ONG nationales et internationales. Les formes d'exploitation et de maltraitance de ces enfants victimes évoluent en fonction de l'évolution des mœurs et des habitudes d'une société marocaine en pleine mutation. Les dispositifs d'alerte et les centres d'écoute (malgré leur indigence) mis en place par tout un réseau d'associations ont permis de débusquer nombre de crimes atroces commis avec des silences coupables de toutes parts. Il faudra plus, avant de se dire que le phénomène est en déperdition. Mais c'est déjà un bon début que voir des têtes tomber et des violeurs et exploitants d'enfants condamnés. Revenons au verdict de l'affaire de la petite Fatima qui vient tout juste de souffler ses douze bougies. Un an d'emprisonnement et 500 dirhams d'amende pour un forfait grave que celui de la flagellation, la torture par le marquage au feu rouge, et des morsures répétées sur différentes parties du corps laissant des ecchymoses saillantes sur le corps meurtri de cet enfant. Comment lire ce verdict ? Peut-on dire que justice a été rendue ? Les dégâts psychologiques sur l'enfant avec une violence incommensurable ont-ils été pris en charge par la sentence ? Difficile de donner des éléments de réponse à ces questionnements. Mais ce qui ressort de cette affaire est cette forme de banalisation du fait grave et de domestication de la violence. Les médias aidant, passés ces premiers sentiments d'émotion et de colère, nous nous retrouvons en situation de ceux qui disent que «cela n'arrive qu'aux autres». Plus grave encore, la violence faite aux enfants et leur maltraitance est un crime d'une extrême gravité qui commence à être perçue par la force de l'accoutumance médiatique comme un simple fait divers. C'est grave en soi. La coercition et la réprimande suffisent-elles à elles seules à mettre un terme à ce genre de situation ? Au contraire, pour éradiquer ce mal, elles peuvent être contreproductives. C'est plus un travail de sensibilisation, de communication et matraquage au quotidien qu'il faudra entreprendre. Il s'agit là d'une mission d'intérêt public qui devra être installée en haut des priorités des politiques publiques qui doivent nécessairement converger vers le bien être de l'enfance.