Les marches organisées à travers le territoire national, particulièrement celle de la capitale Rabat est en définitive un événement qui nous interpelle tous par son haut sens du civisme. Il est vrai que certains événements survenus dans les villes de Fès, Tanger, Larache, Al Hoceima, Marrakech, Séfrou, Guelmim ont pris une autre allure, celle de vandalisme et de hooliganisme. De tels agissements sont compréhensibles surtout que tout mouvement de masse porte en lui les germes du désordre. Ils ont été le fait de fauteurs de troubles et de repris de justice. Ces actes sont la manifestation de frustrations multiples et l'expression désordonnée de sentiments confus. Le ministre de l'intérieur a dressé le bilan de ces dérapages, limités à ces villes, et a déploré que l'image globale de la marche du 20 février ait été ternie par ces agissements irresponsables. En tous les cas, la loi dira son mot pour ceux qui se sont rendus coupables de tels actes. Concernant ceux qui se sont exprimés lors de ces différentes marches dans l'ordre et le respect des libertés d'autrui, ils ont donné la preuve qu'il existe bel et bien une exception marocaine, en s'inscrivant ainsi en faux contre toutes les prédictions qui annonçaient un Maroc « au bord de l'implosion » à l'image de ce qui se passe dans nombre de pays arabes à la suite de la révolution de Jasmin en Tunisie. Sur le fond, quand on regarde les slogans scandés, les positions exprimées, on se retrouve en plein dans le registre de la revendication socioéconomique pour laquelle le Maroc a, depuis des lustres, ouvert avec beaucoup de volontarisme des espaces d'expression. Mais ce qui attire l'attention est ce message adressé par les manifestants : les jeunes sont plus que jamais concernés par la chose politique. C'est un message fort qui interpelle l'ensemble de la société et qui doit nous amener à changer de perception par rapport à cette jeunesse. Elle a donné la preuve de sa maturité, sa responsabilité, son sens du civisme et de son engagement. Ces jeunes étaient tellement jaloux de leur initiative qu'ils ont tenu à éviter que leurs propos soient utilisés à des fins autres que celle de l'information. Ils ont, à ce titre, tout simplement refusé de donner des déclarations aux représentants de la presse espagnole, présents en force, connaissant leur propension à déformer la réalité. Ils ont été également très vigilants au fait que ce moment d'expression collective ne soit pollué par des opportunistes qui s'accaparent de telles manifestations. C'est là le sens profond du civisme dont ont fait montre ces Marocaines et Marocains qui ont dit leurs attentes et leurs revendications légitimes pour un Maroc fort de ses institutions et de son modèle de démocratie propre. La demande concernant l'accélération du rythme des réformes, notamment dans les domaines politique et socioéconomique, est également un signal fort qui doit être pris en charge par la classe politique.