En dépit de la hausse de son coût du risque, le groupe Banque Centrale populaire (BCP) a pu améliorer ses bénéfices consolidés. Celles-ci ont, en effet, bénéficié de l'effet périmètre avec l'acquisition de la majorité du capital des Banques populaires régionales (BPR). Le groupe bancaire se veut plus prudent et lance, pour la première fois, au Maroc, une provision pour «risque-pays». La BCP a réalisé une bonne performance au terme de l'exercice 2015, nonobstant une conjoncture difficile. «Le groupe a affiché en 2015 des résultats financiers soutenus, en dépit d'une conjoncture peu favorable pour l'activité de crédit. Ainsi, le résultat net part du groupe a enregistré une progression de 14,4% pour s'établir à 2,5 milliards de DH. Le produit net bancaire a, quant à lui, progressé de 4% pour atteindre 15,3 milliards de DH», a déclaré le PDG de la Banque centrale populaire, Mohamed Benchaâboun lors de l'habituelle conférence de présentation des résultats annuels, jeudi 24 mars 2016. Cette performance est d'autant plus exceptionnelle qu'elle a été réalisée dans un contexte conjoncturel peu favorable, marqué par une nette décélération des crédits sur le marché national et une croissance au ralenti en Afrique, soit la moins élevée des six dernières années. De plus, à l'instar des autres banques marocaines, le groupe BCP a également connu une hausse de 7% de son coût du risque qui s'est élevé à 3,2 milliards de DH. BCP impacté par l'effet «Samir» Néanmoins, force est de souligner que la hausse est également imputable à la crise du raffineur Samir et à laquelle est exposée la BCP. «Sans la provision Samir, le coût du risque aurait été en baisse», souligne M. Benchaâboun. Et d'ajouter : «Nous avons une politique de provisionnement très prudente. Nous sommes la seule banque au Maroc qui a des provisions pour risques généraux». Cette provision qui était nulle en 2008 est passée à 105 millions de DH en 2015. Aussi, le PDG de la banque n'a pas manqué de préciser que le groupe dispose d'un fonds de soutien de 2,5 milliards de DH qui a une forme de provisions pour risques généraux. BCP provisionne le risque pays en Afrique L'objectif de la banque au cheval est de sécuriser ses engagements et ses sources de rentabilité. Elle a ainsi constitué une provision pour risque pays relative à la zone de l'Union économique et monétaire ouest-africaine et affecté une provision additionnelle de 130 millions de DH. «Nous sommes la première banque au Maroc à avoir constitué une provision pour risque pays», s'enorgueillit le patron de la BCP». Cette mesure est déjà applicable par les autres pays, mais reste une première au Maroc vu le caractère encore récent de la mondialisation des établissements bancaires marocains. Et de poursuivre : «Cette provision concerne les pays qui ont un rating en dessous de l'Investment Grade. Pour les pays qui ne sont pas notés, la banque se basera sur les indicateurs économiques ». BCP sauvé par le périmètre Notons également que l'encours en souffrance a augmenté de 17% à plus de 16 milliards de DH, ce qui représente 7,9% de l'encours sain. Cet encours en souffrance est couvert en 2015 à hauteur de 72,7% par les provisions contre 74,7% en 2014. C'est ainsi que le résultat net consolidé a reculé de 7,1% sous l'effet des charges d'exploitation et du risque. Toutefois, le résultat net part du groupe a affiché une amélioration grâce à l'acquisition de 52% du capital des BPR et l'augmentation de la participation dans Atlantic Bank à 74,6% (+9,6 points). En conséquence, le résultat hors groupe a fortement baissé de 52% à 511 millions de DH, ce qui a permis mécaniquement la hausse des bénéfices consolidés. Suite à cette situation financière,le dividende proposé est de 5,75 DH par action, soit un taux de rendement de 5,57%. BCP lorgne le Sénégal, la Guinée et le Gabon Le PDG de Banque populaire a profité, de l'occasion de la présentation des résultats annuels pour livrer les appétits du groupe pour les marchés africains, notamment le Sénégal, la Guinée et le Gabon. «Nous avons déposé un agrément d'installation au Sénégal, en Guinée et au Gabon. Aussi, nous sommes sollicités par le Burkina Faso», précise M. Benchaâboun. Bientôt, une banque participative Sur un autre registre, la Banque centrale populaire (BCP) attend toujours l'agrément de Bank Al-Maghrib pour se lancer dans l'activité de la finance participative. Le directeur général de la banque de détail à BCP, Laidi El Wardi, a confié, optimiste, que : «l'obtention de l'agrément ne sera trop tarder». Pour rappel, l'établissement dédié à la branche finance islamique se nommera «Banque participative du Maroc» et sera détenu à 80 % par BCP et à 20 % par Guidance financial group. Vers un groupe financier universel à vocation régionale Signalons, enfin, que le plan de développement de la banque «Elan 2020», adopté en 2015, porte sur le développement de 3 leviers de croissance majeurs pour le groupe : d'abord, le leadership dans l'innovation technologique au service du client. Ensuite, un approfondissement des synergies intragroupe et le développement de l'empreinte stratégique en Afrique subsaharienne. Ce plan devrait permettre une augmentation significative du PNB du groupe et une efficacité opérationnelle à horizon 2020. «Dans cette nouvelle vision, notre institution prendra la dimension d'un groupe financier universel à vocation régionale, avec une stratégie articulée autour de trois axes prioritaires : une banque de détail mutualiste profondément ancrée dans les régions, une banque de financement et d'investissement de référence au Maroc et une banque universelle multi-métiers à l'échelle du continent», déclare Benchaâboun.