Le chômage est lié, certes, à la croissance économique, mais aussi, à la structure du marché du travail; à l'action des pouvoirs publics et la qualité des politiques macro-économiques et d'emploi; à l'action des organes d'intermédiation; à la nature et aux performances de l'entreprise; à la qualité des relations entre les partenaires sociaux; à la performance du système éducatif et de formation professionnelle. Sans oublier le contexte de mondialisation, qui impose la sacro-sainte compétitivité, dans un environnement de concurrence non toujours loyale, amenant les entreprises, faute de politique d'innovation, à chercher à écraser le coût du travail comme source concurrentielle. Et puis il y a les mentalités : celles des employeurs qui préfèrent la «flexibilité du travail» et celles des demandeurs d'emplois, qui privilégient la «sécurité de l'emploi». Bref, la problématique de l'emploi et du chômage est un modèle à plusieurs inconnues. Les recettes économicistes apparaissent comme étant insuffisantes face à la complexité de la question. Ce qui fait que ce sont les pratiques concrètes, aussi diversifiées que les pays qui les appliquent, qui peuvent instruire. C'est ce qui constitue l'importance du 3ème colloque international de l'emploi que le Maroc a organisé, cette semaine à Marrakech, par le biais du Ministère de l'Emploi et des Affaires Sociales, en partenariat avec l'OIT et l'OCDE. Décideurs publics et privés, organismes internationaux, employeurs, syndicalistes et experts, ont largement échangé sur les politiques macro-économiques et de l'emploi et sur leurs capacités à réduire les inégalités sociales, le travail étant le principal moyen pour lutter durablement contre les inégalités. Surtout celles qui touchent les jeunes diplômés et les femmes, qui ont été particulièrement débattues. Comme ce fût le cas des migrations, que la conjoncture mondiale met actuellement en exergue. Des pays à travers le monde réussissent dans le domaine de la lutte contre le chômage et la réduction des inégalités. Ils maintiennent un taux de chômage bas, dans le contexte mondial de stag-déflation. D'autres, moyennant des conditions socio-économiques données, réussissent une « fléxicurité », qui combine harmonieusement la souplesse de travail et la sécurité de l'emploi. Mais beaucoup d'autres, particulièrement les pays en développement, continuent à souffrir de problèmes du chômage structurel, du travail précaire, des migrations et des inégalités diverses. En tout état de cause, la complexité de la problématique n'est pas une excuse pour ne pas agir patiemment et avec vigueur pour faire de l'emploi et de la lutte contre le chômage la priorité des priorités de l'action publique. Il y va de la cohésion sociale et de la vigueur du développement économique. Dire aussi que la problématique concerne beaucoup de partenaires : Gouvernement ; employeurs ; syndicats ; collectivités territoriales ; formateurs, ne doit pas être une façon de dire que ce n'est l'affaire, finalement, de personne. Le gouvernement reste le maitre d'ouvrage responsable, en dernier ressort, de la mobilisation de tous ces acteurs et de la synchronisation de leurs actions. A commencer par le maintien d'un dialogue social responsable continu, de la création des conditions optimales pour que les entreprises créent des emplois non précaires et pour que les porteurs de projets puissent les concrétiser. Et pour ce faire, les réformes structurelles de nouvelle génération sont nécessaires, moyennant une mobilisation générale, et une efficience d'exécution. La donne est, pour ainsi le redire, éminemment politique. Au niveau central. Et au niveau des régions. 05-03-2016