En dépit des efforts déployés, l'emploi est perçu comme étant la résultante d'une politique de relance. La politique de l'emploi n'arrive pas encore à convaincre. Parmi les trois programmes mis en place par le gouvernement, c'est Idmaj qui a atteint ses objectifs en dépassant les prévisions arrêtées. Pour mieux résorber le chômage, il est impératif d'enregistrer des taux de croissance économique de l'ordre de 6 à 7%. C'est d'ailleurs l'un des leitmotiv des réformes engagées de part et d'autre par les pouvoirs publics au cours de la dernière décennie. Le but étant aussi de rompre avec une politique d'emploi qui, faut-il l'avouer, a montré ses limites et ce pour une multitude de raisons parmi lesquelles on peut citer la fameuse inadéquation entre l'éducation et l'emploi. A un certain moment, on qualifiait les Universités marocaines de véritables machines de fabrication de chômeurs. Et par la suite toutes les actions déployées ont pour principal dessein d'y remédier. Au cours de la dernière décennie, une relance porteuse d'espoir de mettre en place des politiques structurelles à même de réduire le chômage s'est installée. La question qui se pose d'emblée est : peut-on parler enfin de l'existence d'une véritable politique de l'emploi au Maroc ? La première tentative de formulation d'une politique de l'emploi a coïncidé avec les Assises de l'emploi de 1998. À cette occasion, le gouvernement avait formulé une orientation en sept axes et plus d'une trentaine de propositions de mesures. Le problème est que ceci a reposé sur un diagnostic décalé par rapport à la réalité. L'orientation majeure retenue confiait au secteur privé le rôle de locomotive de l'emploi et l'Etat devait poursuivre sa politique de retrait, commencée au milieu des années 80. Aujourd'hui, l'interprétation des programmes des gouvernements qui se sont succédé montre que l'emploi n'est que la résultante des réformes engagées. De l'avis des conjoncturistes, l'interprétation des programmes des gouvernements laisse supposer qu'au-delà de la mise en œuvre d'une politique macro-économique favorisant l'emploi, diverses mesures d'accompagnement sont indispensables pour améliorer le rendement du marché du travail. Le problème est que ces mesures sont modifiables au gré des circonstances. D'après eux, à chaque fois il est question d'une multitude d'actions qui se succèdent, s'accumulent et parfois se neutralisent avec pour objectif de créer un environnement favorable à la promotion de l'entreprise. L'absence de mesures spécifiques à la gestion du marché du travail remet en cause les objectifs en matière d'emploi. D'aucuns estiment que c'est l'absence d'une véritable cohérence entre les différentes politiques sectorielles qui nuit à la variable emploi. Les résultats escomptés de ces politiques, traduites en objectifs spécifiques et moyens plus ou moins adaptés, escomptent atteindre un rythme de 250.000 opportunités d'emplois en création annuelle et le cantonnement du taux de chômage au seuil de 7% à l'horizon 2012. Une politique d'emploi qui peine à convaincre Trois programmes opérationnels ont été initiés par l'Etat pour intervenir et réguler le marché du travail. Ces programmes sont connus sous les noms respectifs de Moukawalati, Taehil et Idmaaj. Ils reposent tous à des degrés différents sur une réhabilitation de la formation. Au niveau des réalisations, le programme Idmaj semble avoir largement atteint son objectif en doublant ses prévisions initialement fixées, mais les deux autres programmes peinent jusqu'à aujourd'hui à réaliser les objectifs escomptés en termes de bénéficiaires, d'opportunités de formation et d'entreprises à créer. L'impact de la politique de l'emploi semble avoir produit des effets nuancés sur le marché du travail eu égard au comportement de l'évolution des indicateurs de l'activité économique. Le degré de participation à ce marché a connu globalement un rétrécissement différencié selon la nature du diplôme. La tendance des derniers chiffres publiés montre que le marché du travail urbain semble mieux réussir aux non diplômés qui ont enregistré un maintien de leur niveau de participation active tout en s'inscrivant à la baisse au niveau du chômage depuis 1999 ; ce qui traduit une plus grande part dans la population active occupée de cette catégorie. En milieu rural, la situation des diplômés du supérieur semble plus sensible aux fluctuations que connaît ce secteur, notamment dans sa partie agricole, sous l'effet des conditions climatiques. On y relève également une déperdition soutenue au niveau de l'activité des diplômés du niveau moyen en dépit du maintien de l'offre de travail, de cette catégorie d'actifs, que traduit le maintien de son taux de chômage depuis l'année 2002. Tout ce qui précède met en exergue la modération de l'efficacité des politiques d'emploi mises en œuvre. Il exhorte les pouvoirs publics à mettre en place des politiques plus efficientes qui permettront une meilleure maîtrise du fonctionnement du marché du travail. Dans ce cas, les analystes prétendent que les tentatives d'élaboration de politiques d'emploi par duplication des stratégies européennes ne sont pas plus concluantes que ne le sont les originaux. Ceci pour démonter que cette volonté de s'inscrire sans réserve dans la mondialisation, ne donne plus de perspectives d'amélioration des conditions de la population active. Tel est le cas de la création d'emplois de «qualité», de la recherche d'un hypothétique équilibre entre efficacité et équité répondant aux nouveaux concepts mondialisants de la «flexicurité», ou encore des Nouveaux Métiers du Maroc qui conditionnent la réussite du chantier né sous l'appellation de Plan Emergence. Le dernier effort en liste est l'instauration d'une vingtaine de mesures par le patronat pour vaincre le chômage. Pourvu que ces mesures n'aient pas le même sort que celles lancées à l'occasion des premières Assises de l'emploi. La mise en place d'une politique efficiente d'emploi et l'évaluation des retombées associées, forment un large espace que nous n'avons pas encore fini d'explorer…