Une langue est porteuse d'identité, de culture et de valeurs. Cette année, la Journée internationale de la langue maternelle a pour thème «Education de qualité, langue(s) d'enseignement et résultats de l'apprentissage. Dans ce cadre l'IRCAM organise le 4 mars, n partenariat avec le bureau de l'UNESCO du grand Maghreb, une manifestation culturelle afin de valoriser la diversité culturelle et promouvoir le dialogue et l'échange entre les langues et cultures. Al Bayane : Qu'elle est la portée de la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle initiée par l'UNESCO ? Aicha Bouhjar : Depuis 2004, l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) célèbre cette manifestation dédiée à la langue maternelle, initiée par l'Unesco. En effet, l'IRCAMa été la première institution àfêter cet événement en 2004, à la Faculté des lettres et des sciences humaines à Rabat. Depuis, cette manifestation est organisée en collaboration avecl'UNESCO. Dans ce cadre, des représentations diplomatiques en poste auMarocsont invités àparticiper à cet événement pour être réellement dans la diversité non seulement linguistique, mais aussi culturelle. Ce rendez-vous est une manifestation culturelle essentiellement festive. Cette année, il y aura aussi un relais académique, dont des communications qui seront présentées, l'une par un chercheur de l'IRCAM, et l'autre par l' UNESCO, afin de mettre en évidence la nécessité du devoir de préserver les langues maternelles, qui sont porteuses de cultures. Par ailleurs, c'est à travers la langue aussi que l'on peuttransmettre son « savoir être », son savoir-faire, sa culture, ses traditions... Cette année, il y a une thématique initiée par l'UNESCO, qui sera en relation avec le sujet d'actualité dans notre pays : celui d'une éducation de qualité, et dont la thématique est la suivante : «Education de qualité, langue d'enseignement et résultats de l'apprentissage ». Donc le sujet est une sorte d'évaluation dans l'objectif de s'arrêter sur les acquis. Bref, les communications seront portées sur ces thématiques relativesaux langues et à la qualité de l'apprentissage. A votre avis quelle place occupe actuellement la langue amazighe dans l'enseignementmarocain,sachant qu'un certain nombre d'acteurs et d'associations amazighs ont pointé du doigtla régression de l'enseignement de cette langue dans les établissements scolaires marocains ? Depuis l'officialisation de la langue amazighe, et depuis qu'on a annoncé les deux lois organiques qui devront justement gérer le mode du statut officiel de la langue amazighe, mais également son introduction dans le domaine public, les modalités de son introduction et son opérationnalisation, qui doiventêtre chapeautées par un conseil national des langues et de la culture marocaines, l'on assiste à une espèce d'attente, notamment jusqu'à ce que ces lois viennent dresser le cadre, gérer, réglercette introduction de la langue amazighe. Evidement, depuis 2003, la langue amazighe a continué àêtreenseignée. En revanche, il y a eu un certain recul évidement ces dernières années, parce que depuis 2011 on a annoncé les lois organiques que certaines parties prenantes ont préféré attendre, tandis d'autres sont passées à l'action, notamment dans le domaine du journalisme. A titre d'exemple, la MAP,qui a formé des journalistes et a lancé un site en langue amazighe qui véhicule l'information à ce niveau-là. L'IRCAMa célébré dernièrement le Tifinaghe. En effet, pensez-vous que votre institution a pu donner de l'ampleur à la langue et au caractère amazighs, non seulement dans le paysage linguistique et culturel marocain, mais aussi et surtout mondial ? Le fait d'avoir préparé un dossier à l'international qui a été soumis pour approbation en 2004 est une très bonne chose. L'introduction de la langue amazighe au niveau des nouvelles technologies pour sa codification au niveau international est un acquis en lui-même. En effet, cette présence de la langue amazighe, de sa graphie, était un projet extrêmement important, stratégique pour faire ce saut et passer à cette mise à niveau de la langue, ce passage de l'oral à l'écrit avec sa graphie. C'est une étape importante qui permet d'intégrer la langue amazighe dans tous les domaines. A cela s'ajoute, les nouvelles technologies de l'information, dont de nouveaux sites ont été créés ; dans ce volet,le Maroc demeure une référence internationale dans le domaine. Quid de la rechercheacadémique et scientifique en matière de la langue amazighe ? Au niveau de l'Institut royal de la culture amazighe, nous faisons la recherche action ; c'est-à-dire la recherche fondamentale, théorique... et puis il y a la recherche action qui vient faire face aux besoins de la société. Donc il est utile de répondre à ses attentes et besoinsau niveau de la recherche d'ouvrages de référence, de manuels, dans le souci d'une langue qui soit comprise et à la portée de tous les citoyens.