Qui a dit que le secteur public et le secteur privé sont comme pile et face d'une même pièce ? En tout cas, c'est ce qu'ils devraient être. Le secteur public garde au Maroc un poids important et joue un rôle central à travers ses quatre - je dis bien quatre composantes : l'administration, les entreprises publiques, les établissements publics et l'université. L'Université est mise en exergue pour souligner le rôle particulier qu'elle devrait jouer. Mais au-delà des insuffisances dontsouffre chacune de ces 4 composantes du secteur public, et qui sont largement débattues, souvent, malheureusement, sous des angles purement idéologiques, voire dogmatiques, (ce qui n'était pas le cas de la dernière université du PPS), le secteur public a réellement, et dans son ensemble, besoin aujourd'hui d'une stratégie claire. Car le secteur public ne devrait être cantonné dans le rôle de pourvoyeur d'infrastructures. C'est vrai, c'est déjà très important comme fonction. Mais les infrastructures devraient être rentabilisées. Et le juste équilibre entre investissement en infrastructures et investissement directement productifs devrait être assuré. Autrement, point de développement et d'emploi et bonjour les déficits budgétaire et extérieur et partant l'endettement. C'est dire que le secteur public devrait être le catalyseur de la ré-industrialisation du Maroc. Le fonds d'appui à l‘accélération industrielle, fût-il important, n'est pas suffisant. La lenteur mise à l'engager le prouve bien. Sans revenir à l'importante expérience du BEPI (Bureau d'études et des participations industrielles) des premières années de l'indépendance, le Maroc a besoin aujourd'hui de réunir dans une forte holding public-privé ses moyens financiers, technologiques,humains et de partenariats, avec au cœur ses entreprises publiques leaders et ses champions privés phares, pour sortir du guêpier de notre classement intermédiaire, celui du ni hautement technologique, ni low-cost. A titre d'exemple, la Malaisie, moyennant sa Nouvelle politique économique, a bien réussi à résoudre ce dilemme. Le secteur public devrait aussi être l'agent d'implantation économique de la régionalisation avancée. Entre administration centrale, autorités locales, université, entreprises et société civile, les régions devraient s'organiser dans une logique de pôles de compétitivité et autres districts industriels pour mobiliser leur potentielmatériel et immatériel. En clair, le Maroc a besoin aujourd'hui d'une forme adaptée de planification stratégique pour mettre en branle et dans l'harmonie les atouts dont il dispose pour réussir sa nouvelle phase de développement. La conjoncture régionale actuelle n'a jamais été aussi favorable et elle risque de ne pas trop durer. Il est évident qu'on ne peut marcher sur une seule jambe, comme on ne peut cantonner durablement le secteur public dans la seulefourniture de services publics et de l'infrastructure. Celle-ci a besoin d'être rentabilisée. Et là l'investissement productif, donc le secteur privé, étranger, et surtout national, est la clé de la croissance et de l'emploi. Le secteur privé, justement, devenu politique avec son entrée au Parlement, et participant, désormais, à l'effort législatif du Pays, devraitutiliser ce sens politique de manière rénovée. Celui de prendre totalementles responsabilités qui sont les siennes dans le développement et la consolidation de la stabilité économique du Pays. Un nouveau sursaut patriotique, pour l'investissement productif, l'emploi et le social s'impose. Soyons clairs, les Investissements directs étrangers ne viendront en masse et de manière soutenue, que quand ils voient l'engagement massif et enthousiaste des nationaux. Oui dans la feuille de route de l'actuelle phase de développement, le mieux de secteur public et le mieux de secteur privédevraient être lerecto et le verso.