La seconde décennie de l'actuel millénaire aura connu un tangage des plus ahurissants de l'histoire contemporaine. En si peu de temps, des dictatures autocratiques se sont estompées, d'une traite, comme des fétus de paille. Un jeu de révolution des masses bien en vogue, jalonnait, de long en large, les régimes verrouillés des aires maghrébines et moyen-orientales. Qui aurait cru que, du jour au lendemain, Saddam, Kadhafi, Moubarak ou encore Benali, seraient piétinés au forceps, tel un mégot sous la semelle du soulier. Il est bien vrai que nombre de paramètres auraient concouru à ce jeu expéditif de ces despotes effrontés. Les peuples en avaient ras-le-bol et vomissaient leur colère dans les rues, sans crainte des obus et des rafales, pour faire déchoir leurs tyrans respectifs. Toutefois, il faut bien dire qu'ils étaient «excités» par l'ingérence des médias meurtriers et des fronts sanglants des prédateurs impérialistes. Le sort a donc fait son jeu. Mais, l'enjeu reste de taille ! En fait, après quelques années du grand coup, le tumulte plonge les pays «révolutionnés» dans l'indécision et l'on ne cessa pas de se demander à quoi servirait une révolution si elle ne profitait pas aux «révolutionnaires». Toute la question est bien là, si l'on sait que les peuples trépignent, sans cesse, dans les bains de sang. Les chamailles tribales et les instincts ethniques se tortillent dans leurs cavernes d'hibernation. Les convoitises post-cyniques aiguisent les serres du pouvoir et se fraient les chemins de la gloire. Pis encore, nombre de nations «révolutionnées» constituent, maintenant, de réelles tanières du trafic et du terrorisme dont elles font encourir le risque, sous toutes ses formes, à l'entourage tout entier. La révolution aveugle aura alors enclenché l'instabilité sur tous les fronts et permis encore davantage l'immixtion hégémonique de toutes parts. La paix et la concorde entres entités voisines sont, bel et bien, renvoyées aux calendres grecques, pour une durée encore plus longue que l'on ne peut imaginer. Pourrait-on parler, dans ces nations «révolutionnées» des concepts de démocratie, de progrès et de justice sociale, comme on est en train de rechercher dans notre pays, non sans peine, faut-il le reconnaitre ? Absolument pas ! Le jeu démocratique, axé sur le pluralisme et la progressivité, il y a longtemps qu'il fut notre genre. L'enjeu contextuel, basé sur la stabilité et le réalisme, il y a bien longtemps qu'il fut également notre atout. Chez nous, la révolution, on en fait chaque jour, à travers les réformes tous azimuts, tout en en mesurant, dans l'harmonie et la symbiose, aussi bien le jeu que l'enjeu. Ce qui fait, aujourd'hui, notre exception, en dépit des tares et des imperfections !