L'Algérie célèbre son cinquantième anniversaire de l'indépendance. On se souviendra, dans les années cinquante, alors qu'un pays proche qui n'est autre que le Maroc mettait les bouchées doubles pour cette noble cause, les deux peuples se mélangeaient le sang de communion et se mixaient les sentiments de voisinage pour la libérarion d'Alger du joug colonial. De part et d'autre, on sacrifiait des martyrs, comme Mohamed Zerktouni, côté marocain, Jamila Bouhrid, côté algérien, entre autres, pour un dessein commun. Aujourd'hui, cette commémoration aux réminiscences indélébiles, se produit encore, avec des frontières terrestres verrouillées, au grand dam de ces communautés voisines. La fermeture unilatérale de ce passage que continue à imposer la junte algérienne, accentue le désir, de plus en plus ardent, de mettre fin à cette indélicatesse dont le record de l'insolite bat tous les suffrages universels. Ce sont, en fait, les seules frontières terrestres au monde qui s'élèvent encore devant deux pays voisins en paix. Et pourtant, en 2011, le régime algérien avait fait montre de quelque souplesse en annonçant la remise en marche des flux terrestres, dès que les développements géopolitiques régionaux s'y prêtent. Jusqu'ici, ce rêve tant convoité par les deux peuples frères, s'effiloche, au fil du temps, comme un fétu de paille. De grosses opportunités en termes d'échanges commerciaux s'estompent, par cette hantise irascible du diktat algérien, toujours cramponné aux pans hégémoniques. Certes, de temps à autre, des lueurs de décrispation brillent dans leurs yeux sournois, à travers des promesses de fluidifier la circulation des personnes et fructifier davantage les flux des produits respectifs, lors des réunions bilatérales des homologues décideurs. Cependant, le mécanisme de dénouement escompté semble être affreusement nonchalant et révèle, sans ambages, la nostalgie des grandeurs des gradés algériens. L'effroyable gâchis que subissent les contrées intimement juxtaposées, fait actuellement la risée de tout le monde, dans une ambiance régionale vouée à la mutualisation des efforts afin de relever les défis du développement, au cœur d'une crise mondiale proliférante. Nul besoin de rappeler, dans ce sens, les atouts complémentaires dont disposent les deux nations voisines, en matière énergétique, agricole, maritime, touristique, culturelle...Chose qui, assurément, mettrait les deux pays à l'abri de toute retombée néfaste des récessions en présence. Au côté du Maroc qui s'est engagé, plus tôt, dans un processus de démocratisation accéléré, les pays maghrébins, notamment la Tunisie et la Lybie, se son débarrassés, tour à tour, de leur pouvoir totalitaire qui étouffait, à coup sûr, tout mouvement d'émancipation populaire. Ces vents de révolution libératrice influeraient incontestablement, sur le mode de pensée et d'action au sein de la région dont les peuples ont désormais horreur des manœuvres d'oppression. L'Algérie, seul maillon militaire autocratique dans cette mutation implacable, est inévitablement censée se détacher de ses relents monopolistes pour une réelle approche unicifiste. L'issue salvatrice de son étau qui ne cesse de se resserrer passerait, sans conteste, par l'élargissement des marges de liberté, tout en démilitarisant ses pouvoirs au profit des institutions du peuple. Il est vrai que la tentation extravagante que lui procure le Sahara marocain, depuis des décennies, en mettant en place une structure fictive en vue de pérenniser la déstabilisation qui permettrait l'assouvissement de ses suprématies aveugles, demeure un véritable frein à l'essor régional. Nonobstant, on est tenté d'avancer que, tôt ou tard, les galonnés algériens finiraient par se rendre à l'évidence devant une dynamique populaire agissante et un redéploiement des unions régionales ramassées en face des enjeux économiques et financiers acculants. Naturellement, la justesse de la proposition d'autonomie dans les provinces du sud sous la souveraineté marocaine, plébiscitée par la communauté internationale, vient aussi mettre du piment dans cette équation en direction d'une éventuelle dissuasion de l'Autorité d'Alger. Ni les derniers errements de Ross, ni les enterrements des vertus de voisinage devant les voracités mercantiles, encore moins les resserrements ridicules des frontières terrestres, ne sauraient venir à bout d'un tel élan fatidique. L'actuelle initiative d'ouvrir un corridor économique à travers ces frontières hermétiques qui ouvrirait, sans doute, le chemin vers le déplacement des personnes voisines, serait-elle le préambule d'une concession algérienne en destination d'une embellie salutaire? On verra bien!