Tous les regards sont aujourd'hui tournés vers le palais de la Zarzuela qui interviendra mercredi pour essayer de mettre fin à l'attentisme qui marque la formation d'un gouvernement espagnol, faute d'un parti détenant la majorité absolue au Congreso de los Diputados (chambre des députés). Une chose est sûre, une coalition de gauche, mathématiquement faisable, est désormais écartée en Espagne. C'est ce que vient de décider le Parti socialiste ouvrier espagnol qui a catégoriquement refusé de s'allier avec Podemos (Gauche radicale). Ce dernier a en effet levé la barre très haut en proposant, vendredi dernier, une large coalition de gauche (PSOE, Podemos, communistes de Izquierdaunida) dans laquelle il s'attribuerait les ministères clés et la vice-présidence du gouvernement. Le parti de Pedro Sanchez (PSOE) a critiqué cette rapacité de Podemos en affirmant qu'il n'entrerait pas en «négociations avec d'autres forces politiques pour essayer de trouver une alternative de gouvernement stable et encore moins quand elles sont proposées à travers le chantage et en faisant passer les intérêts partisans avant ceux des citoyens». Le PSOE, arrivé à la deuxième place des élections législatives avec 22% des voix, affirme qu'il revient d'abord au Parti populaire (premier avec 28%) de proposer un candidat à la formation d'un gouvernement. Les socialistes espagnols semblent craindre une répétition de l'expérience grecque où le célèbre PASOK (parti socialiste grec) a été atomisé par Syriza, qui a fini par prendre sa place de leader de la gauche locale. En tout cas, mercredi prochain, le Roi Félipe VI convoquera les acteurs politiques ibériques pour discuter de la manière de sortir de cette situation de «ni, ni», qui perdure depuis le 20 décembre dernier. Soit un gouvernement de coalition sera formé, soit de nouvelles élections anticipées auront lieu. Mais l'Espagne doit désormais se plier à l'idée que le bipartisme (conservateurs – Socialistes) est bien révolu et qu'il va falloir tenir compte de la montée de nouveaux partis.