Quelque 6,5 millions d'Andalous se rendront aux urnes dimanche prochain pour choisir les 109 députés du Parlement de cette grande région du sud de l'Espagne peuplée de 8,4 millions d'habitants, dans un premier examen des partis traditionnels du pays face à de jeunes formations comme "Podemos", née il y a à peine un an. Ce scrutin qui avait été avancé par l'actuelle présidente du gouvernement andalou Susana Diaz (POSE) constitue, selon les analystes le premier test pour les deux principaux partis traditionnels d'Espagne, le Parti Populaire (PP) et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), face à la montée en force du jeune parti antilibéral "Podemos" (Nous pouvons) que les sondages donnent comme l'une des trois forces politiques qui marqueront la scène politique espagnole dans les prochaines années. Les élections anticipées du 22 mars permettront en effet de donner une vue claire sur la future carte politique en Espagne, et ce à quelques mois des législatives de novembre 2015. "Ce sera le premier test de résistance des partis traditionnels espagnols face à la montée de Podemos", avait déclaré l'analyste espagnol "Teneo Intelligence", Antonio Barroso. Affirmant que son partenaire dans la coalition au gouvernement en Andalousie depuis les élections régionales de 2012, le regroupement écolo-communiste "Izquierda Unida" (IU), avait opéré "un virage radical", la présidente du gouvernement autonome andalou Susana Diaz avait annoncé en janvier le divorce avec la gauche Unie et dit vouloir "donner la parole aux Andalous", le jour du 22 mars. Elle a estimé que la coalition de gauche au pouvoir était devenue trop "instable". Les élections étaient en principe prévues en 2016 dans cette région. Députée régionale et étoile montante du Parti socialiste, Susana Diaz était investie à la tête du gouvernement d'Andalousie en septembre 2013 en remplacement de son confrère Antonio Grinan, qui avait démissionné après sa mise en cause dans l'affaire de corruption dite "ERE" qui éclabousse le parti socialiste dans cette zone. Créé il y a à peine un an en dénonçant l'austérité et la corruption des élites, le parti "Podemos", allié au parti de gauche radicale "Syriza", qui avait pris récemment le pouvoir en Grèce, s'apprête en Andalousie à son premier rendez-vous électoral sur la scène nationale, après sa victoire surprise aux élections européennes de mai dernier, et dans lesquelles il avait remporté cinq sièges du parlement européen. "Nous pensons que nous allons enregistrer un résultat très important en Andalousie", a estimé le secrétaire d'organisation de "Podemos", Sergio Pascual, dans une conférence de presse tenue dernièrement à Madrid. Mais la dirigeante andalouse n'est pas de cet avis. Susana Diaz avait affirmé lors du lancement de sa campagne électorale dans la ville d'Almeria qu'elle aspirait à remporter "largement" les élections écartant un éventuel pacte avec les populaires ou "Podemos". "Nous allons gagner pour l'Andalousie, clairement et largement", avait-elle lancé se montrant confiante que son parti obtiendra une "grande victoire" lors de ces échéances, les dixièmes depuis 1982 que connaît la région d'Andalousie. Les élections du 22 mars seront également un prélude et une simulation des élections municipales et législatives de 2015 en Espagne. Cette région a été en effet depuis les premières élections régionales tenues après la mort du général Francisco Franco en 1975, un baromètre des choix politiques des Espagnols au niveau national. En dépit des conflits internes et de la crise que connait le Parti socialiste ouvrier espagnol et malgré les scandales de corruption ayant éclaboussé ce parti, cette formation politique historique demeure la plus préférée des électeurs andalous, selon les nombreux sondages effectués par différents organes. Le dernier sondage réalisé par le Centre de recherches sociologiques (CIS) montre que le PSOE, au pouvoir dans cette région depuis des années, recueillerait 34,7 pc des voix et 44 sièges au Parlement andalou, ce qui reste néanmoins loin de 39,5 pc des voix et des 47 sièges obtenus lors des élections régionales de mars 2012. L'enquête indique que "Podemos", créé en 2014 et dirigé par le professeur universitaire Pablo Iglesias, 36 ans, remporterait 19,2 pc des suffrages et entre 21 et 22 sièges, en s'imposant ainsi comme la troisième force politique en Andalousie devant la Gauche unie. De son côté, le Parti populaire andalou (PP, opposition), sera accrédité de 25,7 pc des voix et 34 sièges au parlement régional andalou, enregistrant un recul notable par rapport aux 40,6 pc des votes et les 50 sièges qui avait remportés en 2012. En dépit de ces sondages, le leader du PP et actuel chef du gouvernement Mariano Rajoy, avait affirmé lors d'une intervention de campagne électorale dans la ville andalouse de Jerez de la Frontera, que le PP est le "seul parti" capable de garantir le changement en Andalousie, estimant nécessaire d'avoir un "changement" dans la région dirigée par le PSOE depuis 32 ans. Outre le PSOE, le PP et Podemos, 19 autres partis politiques, ainsi qu'une coalition électorale et un groupement d'électeurs, sont en lice pour dessiner la nouvelle carte politique andalouse. A signaler que l'Espagne sera confrontée à un calendrier électoral chargé en 2015, avec la tenue d'élections autonomes en mai puis législatives en novembre prochain. Des élections régionales anticipées sont également prévues en Catalogne le 27 septembre.