Les Marocains seront privés, encore une fois comme pour le CHAN de 2014, de suivre sur leur petit écran, les matches de l'équipe nationale engagée au championnat d'Afrique des joueurs de locaux de football (CHAN 2016) prévue au Rwanda (16 janvier - 7 février). beIN Sports,qui brille toujours par l'hégémonie sur la retransmission des compétitions footballistiques internationales, en est l'une des principales causes.Notre confrère, Hassan Boutabssil, directeur de la chaîne Arryadia nous fait le point sur cette problématique. Al Bayane : Est-ce que la FRMF a vendu, via la CAF, les droits télévisuels à la chaine beiN SPORTS à u CHAN de la retransmission des matches de l'équipe nationale dont ceux des phases finales du CHAN 2016... ? Hassan Boutabssil : «Je ne pense pas. La Fédération royale marocaine de football n'a pas de choix. La FRMF n'a rien à voir avec cette affaire hors de sa volonté. La même chose est à dire pour la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT). Le produit est déjà vendu. L'opération s'est faite entre la première instance dirigeante du football africain, la CAF, et Sport Five qui s'occupe de toutes les ventes à l'échelon international. Sport Five, un acteur global du marketing sportif établi dans plusieurs pays, et qui est surtout leader dans le domaine du football européen et africain, communique directement avec la chaine beiN Sports créée en 2014 et qui reste le prolongement d'Al Jazeera Sports qui a vu le jour en 2004. Cette instance télévisuelle est devenue plus forte ayant influencé plusieurs grandes nations de football telles, la France, l'Espagne... ainsi que les pays de l'Amérique du sud.C'est donc la loi du marché qui prévaut et qui a été imposée par cette chaîne qui a désormais des relations directes avec les Unions et les Fédérations de football. En ce qui concerne le Maroc, la situation est encore plus compliquée puisque nous sommes affilée à la zone MENA qui fait partie du Moyen-Orient. Et le pire c'est que beiN Sports a acheté les droits TV pour cette région jusqu'à 2028... Les contrats sont signés par la CAF avec Five Sport qui commercialise tout ce qui est sport...». Que pensez-vous de la somme de 500 MDH réservée par le Maroc pour l'achat des retransmissions des matches de l'équipe nationale... ? «Cette somme ne concerne pas le CHAN 2016, elle l'est pour les autres matches de la Coupe du monde 2018. Mais la FRMF a refusé le principe. Elle a donc repoussé l'idée de prendre les 500 MDH réservés audit Mondial dont les éliminatoires vont commencer cette année. Ce qui fait que les Marocains vont suivre directement les rencontres de l'équipe nationales disputées à domicile à travers les chaînes nationales de la SRNT...». En votre qualité de chargé des négociations avec beiN Sports, quel est le montant que vous a été demandé pour acheter ses droits de retransmission et quelle est votre réaction pour venir à la rescousse et assurer la couverture directe des matches du CHAN pour le bien du football marocain en général et des supporters des Lions de l'Atlas en particulier... ? «Je peux vous assurer que ces montants sont exorbitants. Rien que pour avoir les matches de la phase finale de la CAN 2012, la SRNT a payé 10 millions de dollars pour 10 matches, soit un million de dollars par match. Même chose pour les autres CAN jusqu'à maintenant. C'est trop cher et pour le Maroc et pour son image footballistique qui souffre, encore et toujours. Cela l'est aussi pour différents pays du Continent car ces prix sont appliqués seulement en Afrique. Les autres continents, dont surtout l'Europe, n'ont pas de tels problèmes. On donne comme exemple la loi européenne qui exige que la retransmission des matches des sélections nationales du Vieux Continent soit assurée gratuitement. Chaque pays européen est libre deretransmettre les matches de son équipe nationale. Contrairement à l'Afrique et la zone MENA, dont le Maroc fait partie, et qui restent tributaires des exigences d'une seule chaine, beiNSports, qui détient toujours l'exclusivité, le monopole...» beiN SPORTS détient le monopole mais à qui peut-on attribuer la responsabilité de cette situation... ? «La responsabilité incombe à la Confédération africaine de football et son président Issa Hayatou. C'est Hayatou qui a signé le contrat avec Five Sport. C'est donc le premier responsable. Il faut attaquer cette instance dirigeante africaine pour avoir nos matches, ce qui est chose légale. On s'en fout d'autre chose. La CAF, si elle veut vendre quelque chose appelée foot à beiN SPORTS, c'est de son droit, mais pas au détriment de nos matches... » Quelle est donc la solution adéquate pour régler cette problématique et ce monopole attribué à la chaine qatarie... ? «La solution est politique. Il faut que le gouvernement marocain bouge. Il faut aussi que le Parlement fasse l'essentiel. La SNRT et même la FRMF, appelée à défendre les causes du football national, ne peuvent rien faire sans l'intervention de gouvernement qui reste le seulhabilité à trancher dans cette affaire. Je peux vous donner comme exemple le Maroc, qui a été injustement privé d'organiser la CAN 2015, voire même de participer à ladite compétition attribuée à un autre pays, la Guinée Equatoriale. Le Maroc qui allait payer les pots cassés en étant privé par la CAF de la participation aux prochaines CAN en 2017 et 2019, a eu gain de cause par la suite en faisant recours au tribunal administratif sportif (TAS). Aujourd'hui, il faut faire la même chose. Il faut que le Maroc porte plaine au niveau du TAS contre la CAF. Il faut faire appel au TAS pour que justice soit rendue au Maroc. C'est faisable, c'est juste. Car la loi qui a été appliquée en Europe peut être adoptée dans chaque pays en Afrique. Si le TAS donne un jugement favorable, la CAF ne peut que suivre en fournissant le signal de la retransmission des matches concernant les équipes des pays participants, que ce soit pour le CHAN, la CAN ou le Mondial...Il est temps donc que le Maroc bouge et que le TAS intervienne en faveur des pays lésés par cette fameuse chaine qatarie...».