S'il y a un opérateur média qui a fait une bonne affaire lors du 1er Salon international du sport, clôturé dimanche à Marrakech, c'est bien Medi1 TV. Absente de cette première édition et sans mobiliser les gros moyens, comme l'avait fait Arriyadia, la chaîne de la ville du détroit a réussi à décrocher les droits de retransmission terrestre et en exclusivité des deux matchs Algérie-Maroc et Centrafrique-Maroc, en plus de la diffusion satellitaire sur Hotbird et Nilesat. Un contrat a été conclu entre Medi1 TV et Sportfive, en fin de semaine dernière, en présence du président de la Confédération africaine de football, Issa Hayatou. Pour le ministre de la Jeunesse et des sports, Moncef Belkhayat, sollicité tout au long du salon par Arriyadia, cet accord est de nature à «briser» le monopole d'Al-Jazeera Sport. C'est dire les enjeux stratégiques, et surtout politiques, qui se cachent derrière l'attribution de ce gros marché. Medi1 TV, c'est tout le Maghreb, mais c'est aussi les Marocains d'ailleurs. Voilà qui va, certainement, faire grincer des dents le top management de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision. En négociations depuis quelques semaines déjà pour décrocher les droits de diffusion de la rencontre Algérie-Maroc, le pôle public croyait pouvoir réaliser un grand coup et battre tous les records d'audience. Mais les 1,5 million d'euros demandés par Sportfive, le prix à payer pour diffuser par voie terrestre et satellitaire la rencontre Maroc-Algérie, avaient poussé la SNRT à revoir son offre pour la limiter aux droits terrestres. «Une offre qui n'a jamais eu de réponse», selon une source proche de la SNRT, contactée par les «Echos quotidien». Une autre approche Prise de court, la SNRT devra se contenter de reportages sur place en attendant le match retour qui aura lieu au Maroc. Le problème ne devrait pas se poser puisque c'est la SNRT qui en assurera la production pour une retransmission encore une fois terrestre, car au final c'est à Sportfive qu'appartient le signal. En attribuant, au mois de février dernier, les droits TV des phases éliminatoires de la CAN 2012 à Sportfive, la CAF n'a fait que renouveler sa confiance en un partenaire de longue date. «À travers leur performance, nous sommes confiants qu'ils sont très conscients eux-mêmes qu'ils ne feront pas une approche qui puisse vraiment aboutir sur une situation où un pays, comme le Maroc ou l'Algérie par exemple, ne pourrait pas avoir accès à des matchs pareils», explique Hicham El Amrani, secrétaire général de la CAF, qui fait allusion à Al-Jazeera Sport (voir interview ci-dessous). Avec Sportfive, comme partout dans le monde, les négociations obéissent à une logique commerciale, mais dont le dernier mot n'appartient pas forcément au plus offrant. «Chacun tire de son côté et c'est des moyens, si vous voulez, de négociation, de pression psychologique pour pouvoir ramener les prix, mais, nous, on n'intervient pas là-dedans. Ce n'est pas notre rôle», tient à préciser El Amrani. «La polémique n'a pas lieu d'être» : Hicham El Amrani, Secrétaire général de la CAF Les Echos quotidien : À moins d'une semaine du match Maroc-Algérie, Sportfive avait placé la barre trop haut, en demandant à la SNRT la bagatelle de 1,5 millions d'euros. Comment gère-t-on les droits TV au sein de la CAF ? Hicham El Amrani : La CAF a mis en place cette politique depuis 2007, après le congrès de son cinquantenaire. L'assemblée générale et le comité exécutif avaient émis le vœu de pouvoir centraliser ses droits, mais il fallait que les conditions nécessaires soient réunies pour pouvoir les centraliser et permettre à notre partenaire, que ce soit Sportfive ou autre, de pouvoir s'en occuper. Depuis, au courant de l'année écoulée, nous avons informé, par le biais de conq circulaires, les fédérations qu'il ne fallait surtout pas qu'elles s'engagent avec leurs télévisions car, à partir des éliminatoires de la CAN 2012, la CAF récupérera tous les droits télévisuels et laissera les droits sponsoring. Chose qui a été faite, à une exception. Laquelle ? Nous avons laissé les deux premières journées aux fédérations car, à l'époque, nous avions besoin de certains éléments pour finaliser l'accord avec l'agence partenaire qui, dans ce cas, est Sportfive. Ce qu'on reproche aujourd'hui à la CAF, c'est d'avoir attribué les droits à Sportfive à la dernière minute. Normalement, la CAF devrait statuer lors de la réunion de Lubumbashi ? Cela a été reporté au Soudan parce qu'il fallait qu'on ficelle les éléments clés. C'est-à-dire ? Les éléments clés par rapport à l'accord. Sportfive n'est pas automatiquement désignée. Nous avons différentes agences, aujourd'hui, qui sont intéressées par le produit du football africain. Pour nous, il fallait pouvoir assurer aux fédérations membres pour lesquelles nous travaillons, un maximum de revenus avec le minimum de garanties. Sans oublier les différentes clauses ayant trait à la production télévisuelle et aux standards que la CAF requiert en tant que confédération continentale. Les fédérations disent qu'elles ont été informées tardivement. Ce qui est absolument faux. En un an, il y a eu plusieurs rappels. La dernière circulaire en date remonte au 23 septembre 2010, suite au comité exécutif de la Confédération qui avait eu lieu au Caire. Pour nous, les choses sont claires et on ne peut pas parler de polémique. Il a déjà été décidé bien au préalable que les droits allaient être centralisés. De notre côté, il fallait juste confirmer l'identité de la structure qui s'occuperait de cette centralisation. Mais cela ne laisse-t-il pas une marge de manœuvre aux diffuseurs ? Ceux qui négocient les contrats et les droits télé sont des experts. Si on commence à intervenir, pourquoi alors faire appel à une agence partenaire ? Nous travaillons avec Sportfive depuis de longue date et ce partenaire s'investit dans l'intérêt du football africain. En 22 ans, il y a eu une multiplication par 30 des revenus qui ont été importés à la CAF. Cela a permis entre autres à la Confédération d'investir dans le développement du sport et de verser aujourd'hui plus de 5 millions de dollars aux équipes qui participent à la Champion's League et 2,5 millions de dollars à celles prenant part à la Coupe de la CAF. Il y a quelques années, ces budgets n'étaient pas à ce niveau là. Bien évidemment, ce n'est jamais assez, mais, en même temps, c'est un équilibre qu'on doit maintenir.