Dans l'attente des propositions de la COP 21,qui réunit 196 pays à Paris du dimanche 29 novembre au vendredi 11 décembre 2015, pour «assurer la survie de l'espèce humaine» devant l'urgence imposée par le réchauffement climatique de la planète; le climat social dans notre pays se trouve dans une situation de turbulence et d'opposition entre les syndicats et le gouvernement. La concertation et la négociation semblent mises de côté de part et d'autre pour laisser libre cours à la protestation ou pour donner le temps au temps afin de rendre mature les tractations. La tension s'est accrueentre les différents acteurs sociaux pour s'exprimer en marche à Casablanca le dimanche dernier suite à l'annonce par les centrales syndicales d'un programme mobilisateur dans lequel sont prévus une autre marche et sit-in, une grève dans la fonction publique et les collectivités territoriales; voire une grève générale si UMT, CDT, UGTM et FDT ne trouvent pas satisfaction dans le feedback gouvernemental à cette manifestation et à ses annonces. Eu égard aux attentes des quatre syndicats, la manifestation en elle-même a été mitigée au niveau de la participation. Ses slogans ont été divers et sontrelatifs aux différentes expressions du mouvement social qui marque la conjoncture nationale. Il faut revenir aux déclarations des leaders syndicaux pour comprendre les raisons ayant fait que «le dialogue social soit arrivé à une impasse». Aux classiques revendications relatives à la politique salariale et à l'amélioration des revenus, le respect des libertés syndicales et l'assainissement du climat social dans les unités de productionss'ajoute la revendication «d'une démarche participative dans la réforme». Qu'il s'agisse, pour l'essentiel, de la réforme des retraites, ou des projets de lois organiques concernant le droit de grève d'une part et l'organisation et le fonctionnement des organisations syndicales, d'autre part. Sur un autre chapitre, le suivi du débat télévisuel en marge de l'événement montre la divergence des appréciations sur le bilan des réalisations sociales du gouvernement avec des glissements nihilistes sur la constitution votée en 2011 ou sur les syndicats et les partis politiques au Maroc. Ilssont devenus, selon un analyste officiant à l'occasion sur une chaîne «généraliste internationale privée», des organisations désuètes avec des directions vieillissantes, dépassées et attachées beaucoup plus à leurs privilèges qu'au développement de la société.Ainsi et d'un seul trait, il jette le bébé et l'eau de son bain au lieu de faire la part des choses et agir pour la modernisation des organisations syndicales et des organisations partisanes. Notre analyste politique rétribué n'osera nullement casser le sucre sur le dos du patronat en l'incluant dans son analyse nihiliste. Son discours ne fera pas avancer la démocratie dans le pays, ne suscitera pas l'intérêt pour l'engagement politique auprès de son auditoire. Il ne changera en rien la situation interne des organisations qu'il semble mépriser et dont l'action lui permet de se prononcer librement. C'est là un dommage collatéral qui biaise le rendu de la réalité et sa compréhension et qui contribue aux malentendus générant la frontogenèse sociale et politique au lieu de développer le consensus nécessaire pour l'amélioration des relations sociales dans notre pays. Dans une économie marquée par l'hégémonie des tenants du profit, dans une société marquée par la juxtaposition du moderne et de son antonyme dans un clair-obscur stabilisé, la pratique du dialogue social a connu à travers le temps des méthodologies adaptatives qu'il faudrait revisiter pour les rendre en adéquation avec les avancées démocratiques de la Nation. L'efficience de l'ordre public social est une prérogative de l'Etat démocratique national. Elle ne peut se faire qu'avec des organisations syndicales responsables et représentatives et avec un patronat dont le patriotisme économique est indéniable. Si les solutions des problèmes socioéconomiques du pays ne se trouvent pas dans la rue et encore moins dans un rapport de forces avec des organisations syndicales dont la plupart constitue un complément, une courroie de transmission, d'une organisation partisane; il n'en reste pas moins que la réforme a besoins d'une approche consensuelle pour aboutir, loin de la pratique du blocage, de la surenchère et de la confrontation. Laissons la frontogenèse se développer dans notre atmosphère afin de bénéficier des précipitations nécessaires à une bonne année agricole et agissons pour que le climat social soit au beau fixe, pour le bien de toutes les forces productives nationales.